la Russie riposte au plafonnement du prix de son pétrole

Un décret signé hier mardi par le président Vladimir Poutine indique que « la livraison de pétrole et de produits pétroliers russes à des personnes morales étrangères et autres particuliers est interdite » si ceux-ci utilisent le prix plafond. Prévue pour une durée de cinq mois, cette mesure doit entrer en vigueur le 1er février 2023. 

Le décret précise toutefois que seule « une décision spéciale » de Vladimir Poutine lui-même pourra permettre la livraison de pétrole russe à un ou des pays qui ont mis en place le prix plafond de ces dernières semaines. 

Publié sur un portail gouvernement et sur le site Web du Kremlin, ce décret a été présenté comme une réponse directe aux « actions inamicales et contraires au droit international des Etats-Unis et des Etats étrangers et des organisations internationales qui se joignent à eux ». 

Les 27 Etats membres de l’Union européenne, les pays du G7 et l’Australie ont fixé début décembre, après des mois de négociations, à 60 dollars par baril le plafonnement de l’or noir russe à l’export pour protester contre l’invasion de l’Ukraine. 

Dans les faits, seul le pétrole vendu par la Russie à un prix égal ou inférieur à 60 dollars peut continuer à être livré, devenant interdit pour les entreprises de fournir les services permettant son transport maritime (fret, assurance, etc.) s’il dépasse ce plafond. 

L’objectif de cette mesure, inédite même à l’époque de la guerre froide entre l’Occident et l’Union soviétique, est de priver Moscou de revenus importants pour financer son intervention militaire en Ukraine, sans perturber les marchés en bloquant réellement l’approvisionnement. Mais l’impact de cette mesure est discuté, le cours du baril de pétrole russe (brut de l’Oural) évoluant actuellement autour de 65 dollars, soit à peine plus que le plafond fixé. 

Les dirigeants russes avaient à plusieurs reprises déclaré « ne pas accepter » ce mécanisme et Vladimir Poutine avait menacé le 9 décembre dernier de « réduire la production » de pétrole russe « si nécessaire ». 

La Russie est le deuxième plus gros exportateur au monde de pétrole et était, en 2021, le deuxième fournisseur d’or noir aux pays de l’Union européenne. Selon les dirigeants européens, 90% des exportations de pétrole russe vers l’Union européenne seront déjà arrêtées d’ici à la fin de l’année 2022.