Benkirane a-t-il délibérément cherché à torpiller la séance de mardi au Parlement ? C’est en tout cas l’argument de certains observateurs, pour qui le chef du gouvernement n’avait pas intérêt à prolonger son grand oral au risque d’être mis en difficulté sur la question sociale à la veille du 1er mai.
En s’attaquant dès le départ à l’opposition, l’accusant d’alimenter un discours « idiot » contre sa politique, Benkirane savait d’avance que la réaction allait être immédiate. Effectivement, l’invective a aussitôt déclenché la fureur dans les rangs de l’opposition qui a demandé au chef du gouvernement de retirer ses propos. Ce que Benkirane a refusé mordicus de faire.
S’ensuivit alors une scène incroyable d’échanges d’insultes entre le chef du gouvernement et les députés de l’opposition. Driss Lachguar, le dirigeant de l’USFP, a alimenté ce souk parlementaire auquel se sont joints les élus de la majorité, les islamistes du PJD en tête.
Après quelques minutes de confusion générale, Talbi Alami, le président RNIste de la Chambre des représentants sentant que les choses risquaient de tourner à l’empoignade, a préféré lever la séance. Ce qui n’a pas dû déplaire au chef de l’exécutif, toujours d’après ces fins connaisseurs des humeurs de Benkirane.