La Roumanie traverse en cette fin d’année 2024, une période de troubles sans précédent et d’une instabilité politique d’une ampleur inédite depuis la chute de la dictature de Ceausescu en 1989.
Fin novembre, une surprise électorale frappe la Roumanie : Calin Georgescu, un candidat prorusse quasi-inconnu quelques mois auparavant, remporte le premier tour de la présidentielle.
Âgé d’une soixantaine d’années, Georgescu adopte une stratégie atypique, renonçant aux débats et meetings traditionnels au profit de courtes vidéos sur TikTok. Ces contenus deviennent viraux, en particulier dans les jours précédant le scrutin, suscitant rapidement des interrogations.
Les services de renseignements roumains révèlent peu après des documents accablants : une opération de grande envergure aurait été orchestrée pour promouvoir les vidéos de Georgescu, impliquant des influenceurs rémunérés et ciblant les utilisateurs roumains de TikTok, qui représentent près de la moitié de la population. Une ingérence étrangère est suspectée, la Russie figurant parmi les premiers accusés.
À deux jours du second tour, la Cour constitutionnelle annule l’élection présidentielle, une décision qui provoque un tollé parmi les deux finalistes et accroît la confusion. Parallèlement, les élections législatives, tenues entre les deux tours, voient une percée notable de l’extrême-droite, augmentant la polarisation du paysage politique.
Dans ce contexte explosif, l’actuel président Klaus Iohannis doit quitter ses fonctions le 21 décembre, mais son départ imminent, combiné à l’absence d’un président élu, plonge le pays dans une crise institutionnelle majeure.
Les manifestations prévues durant le week-end reflètent une colère grandissante parmi les citoyens qui réclament la vérité sur l’ingérence présumée et dénoncent l’inaction des autorités, soupçonnées d’avoir ignoré des alertes avant le premier tour.
L’Union européenne, de son côté, a ouvert une enquête sur cette situation inédite, estimant que la crise en Roumanie, membre de l’UE et de l’OTAN, met en lumière une nouvelle forme de menace électorale, exacerbée par les réseaux sociaux.
À quelques jours de Noël, le pays se retrouve sans gouvernement et sans président élu, à la veille du 35ᵉ anniversaire de la chute du régime de Nicolae Ceaușescu, dont l’exécution le 25 décembre 1989 reste gravée dans la mémoire collective.