Le Parlement sud-coréen s’apprête ce vendredi, à voter une motion de destitution du président par intérim, Han Duck-soo, accusé de faire obstacle à une enquête sur la tentative avortée de l’ancien président de décréter la loi martiale, un événement qui a plongé le pays dans une profonde crise politique.
Les députés avaient déjà voté le 14 décembre, en faveur de la destitution du président conservateur, Yoon Suk-Yeol, actuellement suspendu en attendant la décision de la Cour constitutionnelle, qui dispose de six mois pour valider ou annuler cette mesure qui fait suite à sa tentative avortée d’instaurer la loi martiale dans le pays.
L’opposition reproche à Han Duck-soo, qui assure la présidence par intérim, de bloquer la nomination de trois des neuf juges nécessaires à la Cour constitutionnelle pour statuer sur la décision définitive de la destitution du président Suk-Yeol, la décision nécessitant une majorité des deux tiers.
Elle affirme dans sa motion de destitution que Han Duck-soo « entrave délibérément l’enquête spéciale sur les personnes impliquées dans la tentative de rébellion » et refuse de nommer les juges au trois postes vacants, suite au départ de leurs anciens titulaires à la retraite.
Si la nouvelle motion est adoptée, ce serait une première dans l’histoire sud-coréenne : la destitution d’un président par intérim après celle du président. En cas de destitution, le ministre des Finances, Choi Sang-mok, assumerait l’intérim. Ce dernier a mis en garde contre les conséquences d’une telle décision sur la stabilité économique et politique, appelant à éviter une aggravation de l’incertitude.
Han Duck-soo, âgé de 75 ans, se défend en affirmant que son rôle intérimaire ne lui confère pas l’autorité nécessaire pour nommer les juges. Il insiste sur le fait qu’un consensus entre le Parti du pouvoir au peuple (PPP, au pouvoir) et l’opposition est indispensable pour de telles nominations.
Pendant ce temps, Yoon Suk-yeol fait l’objet d’une enquête pour «rébellion», une accusation gravement sanctionnée, y compris par la peine de mort. Le Bureau d’enquête sur la corruption, qui mène les investigations, l’a convoqué à trois reprises, mais il a jusqu’à présent ignoré ces appels de l’opposition. Une nouvelle audition est prévue pour dimanche matin.