En Allemagne, des Mamies se mobilisent contre l’extrême-droite

Le mouvement « Mamies contre l’extrême-droite » se distingue en Allemagne par son engagement face à la montée des discours nationalistes et anti-migrants des formations et partisans de l’extrême-droite.

Leur objectif est clair : défendre la démocratie pour les générations futures. Symbole de leur mobilisation, un bonnet en grosse maille, souvent tricoté à la main, leur permet d’être immédiatement identifiables lors des manifestations qui, ces dernières semaines, ont réuni des centaines de milliers de citoyens inquiets de la progression du parti d’extrême-droite l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) à l’approche des élections du 23 février.

Avec un score estimé à 21 % dans les sondages, l’AfD pourrait se hisser à la deuxième place, derrière la CDU/CSU. Toutefois, en l’absence d’alliés, son accession au pouvoir demeure improbable.

Créé en 2018 sur le modèle autrichien, le mouvement « Omasgegen Rechts » (Mamies contre l’extrême droite) s’illustre depuis sept ans, par son slogan : « Ce n’est pas parce qu’on est vieux qu’on doit rester silencieux ». Composé principalement de militantes âgées de 60 à 90 ans, il regroupe des femmes marquées par l’histoire de l’après-guerre et le devoir de mémoire lié à l’Holocauste.

Gabi Heller, coordinatrice d’un groupe à Nuremberg, témoigne : « J’ai eu la chance de vivre en paix et en démocratie pendant 58 ans, et je veux préserver cela pour mes petits-enfants. »

Eva-Maria Singer, militante depuis trois ans, reconnaît une certaine naïveté passée : « Ma génération pensait avoir éradiqué les résurgences fascistes, mais elles refont surface. »

Le premier congrès du mouvement s’est tenu en Thuringe, région où l’AfD est en forte progression. Certaines militantes ont été confrontées à des réactions hostiles, bien que, selon Gabi Heller, la situation reste plus sereine à Nuremberg.

Nicole Büttner, 46 ans, qui a manifesté à leurs côtés, trouve leur engagement inspirant : « Elles luttent contre le racisme, la discrimination et la haine. C’est un message fort et porteur d’espoir. »