Le Congrès américain bloque l’interdiction des véhicules thermiques en Californie

Un bras de fer juridico-politique oppose l’administration Trump à la Californie après le vote au Sénat américain d’un texte remettant en cause l’exception environnementale dont bénéficie cet Etat depuis les années 1970. 

Ce dispositif permet à Sacramento d’imposer des normes antipollution plus strictes que le reste du pays, notamment l’interdiction des véhicules thermiques neufs dès 2035.

Mercredi, les sénateurs républicains ont adopté à la majorité simple une résolution visant à annuler le statut dérogatoire californien en matière d’émissions automobiles. Le texte, qui doit encore être promulgué par Donald Trump, déclencherait un recours immédiat des autorités locales. « Nous avons une plainte prête à être déposée », a averti Rob Bonta, ministre de la Justice de Californie, qualifiant cette décision « d’illégale ».

Cette offensive s’inscrit dans la ligne politique du président Trump, qui avait fait campagne en 2024, sur un programme énergétique pro-fossile, abandonnant l’objectif de 50 % de véhicules électriques d’ici 2030 fixé par son prédécesseur démocrate, Joe Biden. « Gavin Newsom n’a pas le pouvoir de dicter sa loi aux 49 autres États », a tonné le sénateur républicain, Mike Lee.

La Californie, qui abrite 40 % des véhicules électriques des USA et représente 10 % du marché automobile national, joue depuis des décennies, un rôle moteur dans la transition écologique du secteur. 

« Tesla n’aurait tout simplement pas existé sans nos régulations », a rappelé le gouverneur Newsom, accusant Trump de « trahir les générations futures » et de favoriser la domination chinoise sur les technologies vertes.

L’argumentaire juridique repose sur une subtilité procédurale : les républicains ont utilisé une loi permettant d’annuler des réglementations fédérales récentes par un vote simple, alors que le Government Accountability Office estime que les règles californiennes – purement locales – ne relèvent pas de cette catégorie.

L’issue de ce conflit pourrait redéfinir les équilibres entre les États fédérés et le gouvernement fédéral en matière environnementale. « Vous voulez replonger l’Amérique dans le brouillard ? », a lancé Newsom, en référence au smog légendaire de Los Angeles dans les années 1970.

Alors que la signature de Trump ne fait guère de doute, les observateurs s’attendent à une bataille juridique prolongée qui pourrait aller potentiellement, jusqu’à la Cour suprême. Ce dossier pourrait aussi servir de tremplin politique à Gavin Newsom, souvent cité comme un favori démocrate pour la présidentielle 2028.