Les exportations chinoises d’aimants en terres rares chutent en mai

En mai, les exportations chinoises d’aimants en terres rares ont chuté de 70 % sur un an, selon les données publiées par les douanes chinoises le 20 juin. Tombées sous la barre des 60 millions de dollars, elles atteignent leur plus bas niveau depuis 2015, hors période pandémique, selon l’agence Bloomberg.

Cette baisse intervient dans un contexte de restrictions croissantes imposées par Pékin. Depuis avril, les entreprises chinoises doivent obtenir une licence spécifique pour exporter des terres rares, un processus jugé opaque et complexe. Selon la CLEPA, l’association européenne des équipementiers automobiles, seuls 25 % des dossiers déposés depuis le printemps ont été acceptés. Les exigences administratives varient selon les provinces, et certaines requièrent la divulgation d’informations sensibles, notamment sur la propriété intellectuelle.

Malgré les négociations menées entre Washington et Pékin à Londres début juin, les engagements chinois n’ont pas été pleinement respectés. Les exportations vers l’Union européenne ont ainsi chuté de 81 % en mai. Plusieurs industriels, dont BMW et Ford, ont déjà été contraints de ralentir ou suspendre certaines productions. À Chicago, Ford a interrompu pendant une semaine l’assemblage de son SUV Explorer.

Face aux tensions, les entreprises cherchent à rassurer. Le conglomérat allemand Thyssenkrupp affirme avoir anticipé la crise en diversifiant ses sources d’approvisionnement. De son côté, l’Union européenne presse la Chine d’ouvrir un « canal vert » d’exportation, exempt de licence, pour les entreprises figurant sur une liste blanche.

Parallèlement, certains acteurs misent sur la relocalisation ou sur des alternatives hors de Chine. L’australien Lynas Rare Earths, principal producteur indépendant, a vu son cours bondir de 12 % après l’annonce d’un nouvel accord d’exploitation avec la Malaisie.

La Chine conserve néanmoins une position dominante : elle maîtrise encore l’intégralité de la chaîne de valeur des aimants en terres rares, dont elle assurait 92 % de la production mondiale en 2019.