L’UNESCO alerte sur 133 millions de filles toujours privées d’école dans le monde

Malgré trois décennies de progrès substantiels en faveur de l’égalité des genres dans l’éducation, un fossé criant persiste à l’échelle mondiale, d’près l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) qui dans un bilan contrasté, estime que «si la scolarisation a connu une nette amélioration, 133 millions de filles sont toujours privées d’école à travers le monde».

A l’occasion des dix ans de son Prix pour l’éducation des filles et des femmes, l’agence onusienne, qui a érigé cette cause en «priorité mondiale», déplore que cet exclusion massive des jeunes-filles soit causée par l’insuffisance des financements, la persistance tenace de biais de genre et la mise en œuvre de politiques éducatives rétrogrades.

Les avancées, pour réelles qu’elles soient, n’en restent pas moins significatives. Sur les trente dernières années, l’UNESCO enregistre une scolarisation quasi universelle des filles dans le primaire, avec un taux passé de 92% à près de 100%. 

Le bond est encore plus marquant dans le secondaire, avec une progression de plus de 25 points, de 52% à 77%. L’enseignement supérieur témoigne d’une révolution silencieuse : le nombre d’étudiantes a triplé, explosant de 41 à 139 millions.

Pour parvenir à ces résultats, l’organisation a soutenu 44 de ses États membres en 2024 dans l’élaboration de politiques publiques dédiées. Un effort ciblé est également mené pour combler le déficit de représentation dans les filières scientifiques (STIM), où les femmes ne comptent encore que pour 35% des diplômés.

Au-delà des chiffres, cet enjeu revêt une dimension économique et sociale cruciale, ajoute l’UNESCO, précisant que chaque année supplémentaire de scolarisation d’une fille se traduit par une augmentation significative de son revenu futur et contribue au développement de toute sa communauté. 

«Investir dans l’éducation des filles n’est donc pas seulement une question de principe, mais un impératif stratégique pour bâtir des sociétés plus résilientes, prospères et égalitaires», a assuré l’UNESCO, avant de conclure que « la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) passe inexorablement par l’éradication de ce fossé éducatif ».