Dans le cadre d’une campagne militaire renforcée contre les réseaux de narcotrafic, les forces armées des États-Unis ont procédé, lundi 15 décembre, à de nouvelles frappes ciblant trois embarcations suspectées de transporter de la drogue dans l’Est de l’océan Pacifique.
Selon le commandement Sud des États-Unis, ces navires évoluaient le long «de routes connues du narcotrafic» et ont été détruits après évaluation du renseignement. Huit individus présentés comme des « narcoterroristes » ont été tués au cours de l’opération, dont une vidéo a été diffusée sur les réseaux sociaux.
Cette intervention s’inscrit dans un regain d’activité militaire américaine dans les eaux internationales des Caraïbes depuis début septembre dernier. Au moins 26 bateaux ont été neutralisés en mer des Caraïbes et dans le Pacifique oriental, faisant au moins 95 morts selon les bilans communiqués par Washington. Toutefois, les autorités américaines n’ont pas rendu publiques de preuves tangibles confirmant l’implication de chaque cible dans des activités illicites du narcotrafic.
Parallèlement, les Etats-Unis ont considérablement accru leur présence navale dans les Caraïbes depuis août dernier, déployant notamment le porte-avions nucléaire USS Gerald R. Ford, le plus grand du monde.
Officiellement justifiée par la lutte antidrogue, cette démonstration de force intervient dans un contexte de fortes tensions avec le Venezuela, dont le président, Nicolás Maduro, est accusé par l’administration Trump de diriger un «vaste réseau de narcotrafic». Le dirigeant vénézuélien rejette ces accusations et dénonce une manœuvre destinée à justifier une ingérence et une mainmise sur les ressources pétrolières de son pays.
Sur le plan juridique, ces opérations font l’objet de vives critiques. Frapper des navires dans des eaux internationales ou étrangères, sans procéder à des interpellations préalables, soulève des questions quant à leur légalité au regard du droit international.
Plusieurs experts, ainsi que des instances onusiennes, ont exprimé leurs réserves à ce sujet. Dans un communiqué publié en octobre dernier, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme rappelait que «le recours intentionnel à une force létale n’est permis qu’en dernier ressort contre un individu représentant une menace imminente pour la vie» des autres.
Début décembre, l’ONG Human Rights Watch a appelé les partenaires des États-Unis à condamner ces frappes qu’elle qualifie d’« illégales ». Alors que la frontière entre lutte antidrogue, contre-terrorisme et pression géostratégique semble de plus en plus floue, la stratégie américaine continue de diviser et d’interpeler la communauté internationale sur ses fondements et ses limites.

