Des confidences que le tonitruant maire de Fès, Hamid Chabat aurait fait à l’ambassadeur américain au Maroc, seraient à coup sûr repris par le site Web Wikileaks. Au début de cette semaine l’ambassadeur des Etats-Unis au Maroc, Samuel L. Kaplan qui séjournait à Fès, se serait fait inviter pour un déjeuner débat très restreint, par le leader istiqlalien, Hamid Chabat. Ce dernier profité de cette rare occasion pour vider son sac, faisant à son hôte, des révélations qui risquent fort d’alimenter un des prochains câbles diplomatiques que le célèbre site Web, WikiLeaks de Julian Assange a pris l’habitude de diffuser sur le réseau social de l’Internet. Lundi dernier, le diplomate américain qui s’était rendu à Fès en compagnie de son épouse Nancy Riley et de certains de ses proches collaborateurs, pour remettre un don de son pays de plus de 400 ouvrages à la bibliothèque de la faculté des lettres et des sciences humaines de Fès-Saïss, a profité de son séjour pour tenir une rencontre officieuse avec le dirigeant istiqlalien dans le cadre intime d’un palace de la ville. Néanmoins, comme les ambassadeurs américains à l’étranger, d’après les révélations de Wikileaks, ne font pas que de la diplomatie, mais sont surtout rodés pour des missions parfois très spéciales, Samuel Kaplan a su rapidement délier la langue à Hamid Chabat, qui est déjà de nature très bavard. Pour s’y faire, il lui a fait le compliment devant les autres hôtes, d’être un homme issu d’une famille modeste mais qui a su gravir rapidement et démocratiquement à travers les urnes, les échelons pour devenir un des poids lourds de l’échiquier politique national. Après avoir abordé au cours du déjeuner, des questions d’ordre général sur les changements et réformes en cours dans le royaume, les deux hommes ont fait des échanges en tête-à-tête, au cours desquels Hamid Chabat, qui est aussi député et secrétaire générale de l’UGTM, l’aile syndicale du parti de la balance, a vidé son sac. Selon des indiscrétions, le leader istiqlalien s’est plaint auprès du diplomate américain, des dirigeants du parti adverse, le PAM (Parti Authenticité et Modernité) dont le fondateur n’est autre que Fouad Ali El Himma, le grand ami du Roi Mohammed VI. Les PAMistes, a confié Chabat à Samuel, sont souvent des arrivistes ou des gauchistes qui ont déserté les rangs de leurs partis d’origine pour rejoindre le PAM et à présent ils « nous mettent les battons dans les roues par peur de nous voir cartonner aux prochaines élections ». Chabat s’est également plaint de ses déboires et ceux des membres de sa famille avec la justice en confiant à Samuel Kaplan que ce sont « les hommes du PAM qui sont derrières ces poursuites judiciaires infondées ». Quant le diplomate l’a interrogé sur une éventuelle alliance de son parti avec la formation islamiste, le Parti pour la Justice et le Développement (PJD), Chabat a répondu sur un ton un peu gêné que jusqu’à cette date, la question n’a pas été abordée par les états-majors des deux partis. Mais s’il fallait choisir entre le PAM et le PJD, a dit Chabat, j’opterai les yeux fermés pour le parti islamiste. L’ambassadeur américain a également interpellé Chabat sur ce qu’il pense des autres formations en lice pour les prochaines échéances électorales et sur le mouvement des jeunes manifestants du 20 février.
Kaplan et Chabat ne sont pas à leur première prise de contact, en 2010 ils étaient tous deux membres du jury qui a arbitré le concours international ouvert à Fès, pour désigner les architectes et urbanistes vainqueurs du projet de réhabilitation de la « Place Lalla Yeddouna ».
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