La magie du foot ne cessera jamais de nous surprendre. La victoire écrasante de l’équipe marocaine, samedi soir à Marrakech contre la formation algérienne, en est la plus grande illustration. Des centaines de milliers, voire des millions de citoyens, ont envahi spontanément les rues aussitôt après le sifflet final. Pour crier tout simplement leur bonheur.
Sans entrer dans les détails d’un tel engouement, on peut se poser la question suivante : quel autre événement, quel est ce parti ou mouvement qui serait capable de mobiliser autant de monde en même temps. En prenant l’exemple du Mouvement du 20 février qui fait l’actualité ces derniers temps, on peut se demander pourquoi il ne réussit pas à ameuter autant de gens. Bien sûr, le Mouvement du 20 février appartient à un autre catalogue. Mais il est clair qu’à chaque descente dans la rue depuis plus de trois mois, c’est à peine si on compte quelques centaines de manifestants, rarement des milliers. Pourtant, des meneurs professionnels n’arrêtent par de hurler à tue-tête que leurs revendications sont celles du « peuple », que c’est le peuple qui exige ceci ou cela.
Jamais, pour autant, ces manifestations n’ont réussi à inoculer le citoyen lambda le ton euphorisant procuré par une belle victoire, à l’issue d’un match épique livré un samedi soir de fin de printemps. Les stimulants ne sont peut-être pas identiques dans l’un et l’autre cas. Mais il apparaît de toute évidence que le « peuple » n’attend pas le signal d’apprentis meneurs pour descendre dans la rue.