Le poids de la Caisse de compensation sur le budget général est devenu tel que le gouvernement Benkirane n’a plus d’autre choix que d’aller vers la réforme de ce mécanisme, qui permet de maintenir les prix des produits de base à un niveau supportable pour les plus démunis. Une conviction partagée par une pléiade d’économistes, réunis le 23 mars par le Centre Links de la faculté de droit de Casablanca.
Ce n’est certes pas la première fois qu’on touche au sujet hautement sensible de cette Caisse, à laquelle le gouvernement a alloué cette année plus de 32 milliards de dirhams. Ce montant n’inclut pas les 14 milliards DH d’arriérés, ni les données non actualisées pour 2012. Au final, la Compensation devrait coûter cette année plus de 80 milliards DH contre 63 milliards en 2011, selon les spécialistes. Le chiffre fait froid dans le dos, mais la Caisse de compensation reste incontournable. Il faut juste réviser le côté pernicieux du système, qui profite sans distinction aux riches comme aux pauvres. Ainsi, quelque 75% du montant de la compensation vont dans les poches de ceux qui ne sont pas dans le besoin. D’où le consensus qui se dégage et qui comporte deux volets : d’un côté, la nécessité de maintenir la Caisse et, de l’autre, l’indispensable réforme de son fonctionnement. Ceci pour éviter un grave dérapage budgétaire, surtout que le gouvernement est obligé d’affecter davantage de ressources aux secteurs fragilisés par la conjoncture économique. Il n’a pas plu durant tout l’hiver et les conséquences d’une sécheresse exceptionnelle se font déjà sentir. D’ores et déjà, des importations supplémentaires de céréales sont programmées, parallèlement aux aides destinées aux agriculteurs et aux éleveurs sinistrés. Sans compter la facture structurelle des importations de produits énergétiques, dont les cours sont imperturbablement inscrits à la hausse sur les marchés internationaux.
C’est probablement pour cette raison que Benkirane a confié à l’économiste Najib Boulif, ministre des affaires générales et de la gouvernance, la mission de réformer la Caisse de compensation. Sans abandonner tout le système, il s’agit de le doter de nouveaux mécanismes pour lui permettre de servir ceux qui en ont vraiment besoin.