La prudence est de mise au lendemain de l’annonce de la découverte d’importantes réserves de gaz et de pétrole aux larges de Tarfaya. Une des 25 entreprises vient d’annoncer sur son site, que le Maroc disposerait de «réserves abondantes» de pétrole et de gaz à Foum Draa du côté de Tan-Tan et à Sidi Moussa. Les estimations de la compagnie pour les deux sites seraient en moyenne de 2,1 milliards de barils de pétrole et de 1.000 milliards de pieds cubes de gaz. Le prospect le plus important, Apricot, présenterait des ressources estimées à 584 millions de barils de pétrole. Mais du côté officiel marocain c’est le silence radio. Le ministère de l’Energie veut éviter toute fausse annonce come ce fût le cas en 2000, lorsqu’il avait révélé à grandes pompes, la découverte de 2 milliards de barils de réserves de pétrole à Tlsint. La compagnie australienne s’appuie dans son annonce sur les résultats des évaluations réalisées par le groupe Netherland, Sewel &Associates (NSAI). Evidemment, le forage est l’unique moyen de s’assurer de cette découverte. Mais, le ministère de l’Energie et l’Office national des hydrocarbures et des mines (Onhym) n’ont ni confirmé ni infirmé l’information. Une prudence qui se justifie par le fait que dans le processus de toute prospection, plusieurs opérations sont nécessaires, des études sismiques 2D et 3D, des forages stratigraphiques et des forages d’exploration, avant l’annonce officielle des réserves de pétrole ou de gaz découvertes.
Pourtant les choses semblent bien se précipiter dans l’offshore maroco-saharien. « Le site de Zag contient d’énormes potentialités gazières comme c’est le cas, non loin, chez le voisin algérien. Ce projet au Maroc est parmi les programmes les plus importants pour notre groupe, que ce soit en termes de production ou de potentialités offertes à long terme», a déclaré Bryan Benitz, le président de la compagnie australienne Longreach Oil and Gas, au terme de son programme sismique 2D sur son permis Zag, près de Tarfaya.
Invité au forum organisé le 3 avril à Casablanca, par la Fédération de l’énergie de la CGEM, le ministre de l’Energie, des Mines, Fouad Douiri s’est abstenu de tout commentaire au sujet des éventuelles découvertes annoncées par Longreach Oil and Gas. Il s’est contenté de dire que l’avenir énergétique du Maroc repose plus sur le gaz. Compétitif, polyvalent, propre, ce combustible, explique-t-il, « est également pérenne, ce qui joue beaucoup en sa faveur ». Les réserves de gaz peuvent représenter jusqu’à 200 ans de consommation, ajoute-il, rappelant que le gaz ne satisfait actuellement que 4% des besoins énergétiques du Maroc contre environ 25% au niveau international. Un déficit que le ministre entend combler dès que possible, car « le gaz naturel est le meilleur ami des énergies renouvelables». En revanche, du côté de l’ONHYM, on parle plutôt de zones prospectives. Avant de pouvoir affirmer le potentiel, l’Office qui parle plutôt de premières phases de l’exploration, préfère attendre que Longreach procède à des forages pour tester le concept d’exploration et prouver le potentiel pétrolier de ces zones, le forage étant l’unique moyen de s’assurer de cette découverte.
Les coûts du pétrole sont trop élevés et imprévisibles. Le charbon pose trop de problème de pollution. Le nucléaire présente des risques effrayants, c’est pour ces raisons que le Maroc privilégie l’option du gaz et des énergies renouvelables tels le solaire et l’éolien.