Après la mauvaise surprise des prix du carburant, le gouvernement Benkirane revient à la charge. La cible cette fois, ce sont les fonctionnaires. Pour 2012, le ministre Najib Boulif promet d’économiser pas moins de 5 milliards de DH sur les primes des employés de l’Etat.
Par les temps difficiles qui courent, c’est une somme assez rondelette pour le Trésor. Mais la décision ne manquera pas d’impacter durement le pouvoir d’achat des fonctionnaires, dont de la majorité ne roule pas sur l’or. Car, si le récent épisode des primes du ministère des Finances a montré qu’une minorité de hauts cadres de ce département se sert copieusement dans les caisses de l’Etat, il n’en va pas de même pour le reste du personnel étatique. De surcroît, la plupart des fonctionnaires sont constamment mis sous pression et appelés à fournir davantage d’efforts. Une telle sollicitation suppose naturellement des incitations matérielles pour encourager les employés à mettre du cœur à l’ouvrage. Car la règle est la même, dans les entreprises privées comme dans la fonction publique. Le régime des primes constitue la pièce maîtresse de l’incitation à la productivité. Il devient dès lors difficile de comprendre le gouvernement qui affiche sa volonté d’améliorer le service public, tout en s’apprêtant à supprimer l’un des leviers essentiels pour atteindre un tel objectif. Ceci, sans parler des dégâts collatéraux qu’une telle décision pourrait avoir sur l’attractivité de l’administration publique pour les jeunes compétences.
Le ministre délégué chargé de la Gouvernance, Najib Boulif a présenté sa démarche comme un moyen de rationaliser les dépenses publiques en octroyant les primes sur des critères basés sur le rendement et le mérite. Soit, mais dans ce cas il faut mettre à plat tout le mécanisme d’évaluation. Faire en sorte que le rendement du personnel des administrations, des entreprises et des établissements publics soit apprécié selon des critères clairs et transparents, tout en bannissant les commissions, les avantages et autres cachotteries.