L’initiative du FMI d’accorder au Maroc une ligne de crédit de 6,2 milliards de dollars est un signe de confiance dans l’économie marocaine. En même temps, la généreuse offre traduit les inquiétudes du Fonds monétaire international quant à la mauvaise passe économique et financière que traverse le pays. De surcroît, cette décision met à l’épreuve le gouvernement Benkirane de se hisser au niveau de la situation.
Le montant mis à la disposition du gouvernement marocain relève de la Ligne de Précaution et de Liquidité (LPL) mis en place par le FMI depuis 2011. Il s’agit d’une facilité financière qui est offerte à des conditions avantageuses aux pays dont les fondamentaux économiques sont « solides » mais qui demeurent « exposée à des facteurs de vulnérabilité ». De l’avis même de la directrice générale du Fonds, Christine Lagarde, le Maroc a mené au cours des dernières années « des réformes structurelles de grande échelle (qui) ont contribué à des performances macroéconomiques solides ». Pour autant, le Royaume n’a pas résisté au choc du ralentissement économique en Europe qui a directement impacté le textile, le tourisme, les services, etc. La situation n’est toutefois pas catastrophique. Le FMI a tenu à préciser que les autorités marocaines avaient assuré qu’elles « n’avaient pas l’intention d’utiliser cette ligne de crédit à moins que le Maroc ne connaisse des besoins relatifs à sa balance des paiements courants, en raison de la détérioration de l’environnement extérieur ». Mais si les difficultés actuelles sont liées en bonne partie à la crise qui sévit dans le monde et, particulièrement chez le premier partenaire économique et commercial du Maroc, il faut reconnaître qu’elles sont aussi dues en partie aux dérives budgétaires des dernières années. Certes, le gouvernement Benkirane qui n’est aux affaires que depuis sept mois, n’assume pas seul la responsabilité de certaines aberrations financières. En revanche, les décisions hâtives, les polémiques et les sorties médiatiques stériles dont certains ministres islamistes ont fait leur spécialité, ne sont pas le meilleur message à envoyer aux opérateurs économiques et au reste de la société dans les circonstances actuelles. C’est dans ce sens que la décision du FMI représente un défi pour le gouvernement en matière de gouvernance. Elle doit constituer un motif d’incitation au cabinet Benkirane pour sortir de l’attentisme et prendre à bras le corps les véritables problèmes économiques et sociaux en suspens.