Une refonte générale est indispensable, investir dans l’école, former les enseignants et surtout redéfinir le rôle des responsables du système scolaire qui jouent, il faut le dire, avec le destin des élèves.
Qui peut redorer le blason de l’Education Nationale ? C’est la question que l’on est en droit de se poser vu que notre école va mal depuis de nombreuses années maintenant. Elle produit trop d’échec, de déperdition scolaire, et des diplômés mal formés, à en entendre les réponses désolantes du Ministre de l’Education Nationale devant les enseignants lors d’un meeting où ils avaient la possibilité de présenter leurs doléances. Et lui, en tant que représentant d’un système scolaire malade, s’est permis de donner des réponses dignes de comédiens. On l’a vu parlant au téléphone avec ses collaborateurs, se moquant à la fois du directeur et de sa secrétaire, traitant même celle-ci avec beaucoup de familiarité. Et de commenter, à propos des équipements d’un établissement scolaire et en évoquant les Etats-Unis, et le président Obama, qu’ils n’avaient pas ici d’établissements comparables. Le Ministre a enchaîné avec une série de bêtises indignes de sa haute fonction, encouragé par les ricanements de ceux qui l’accompagnaient, au lieu de répondre objectivement aux questions ou de s’abstenir de répondre. Ses propos ont manqué de classe, de distinction. Pire, ils ont concrétisé l’image sombre d’une école qui se noie entre les mains de ces responsables non responsables. Au sujet de la sortie du Ministre, les enseignants sont perplexes, certains refusent de commenter tandis que d’autres n’ont pas hésité et s’en sont donnés à cœur joie. « En effet, au lieu d’avouer que les conditions de travail dans certains établissements scolaires étaient précaires, le Ministre s’est contenté de parler du manque du professionnalisme de certains responsables. Il a omis de dire que lorsque l’on évoque l’enseignement au Maroc, il faut parler du parcours du combattant des enseignants, des élèves et des parents d’élèves », précise Mohamed, enseignant de primaire à Casablanca depuis plus de 21 ans.
Et d’ajouter : « D’abord, notre système scolaire est inégalitaire. Il produit beaucoup de décrocheurs. Nombreux sont les élèves et les jeunes qui quittent l’école sans qualification. Chaque année, un nombre considérable de jeunes abandonnant l’école se dirigent vers de petits métiers ou se font entraîner par la vie de la rue. Il fallait que le Ministre se penche sur cette problématique épineuse au lieu de dire des sottises en guise de réponses aux enseignants qui souffrent aussi des imperfections du système scolaire».
Même son de cloche chez Hakim, qui enseigne lui aussi à Casablanca. Il souligne que l’enseignant et l’élève sont les deux facettes de la même pièce et cela surtout dans les écoles publiques. « Ils souffrent des mêmes problèmes. La surcharge n’est, entre autres, que la partie apparente de l’iceberg et l’insuffisance au niveau des capacités d’accueil n’a pas épargné certains établissements en milieu urbain de la ville blanche. En matière de pénurie en termes de ressources, les problèmes sont légions ».
Les deux enseignants ont parlé d’un manque de formation continue, d’outils pédagogiques et de moyens technologiques pour renforcer les capacités des professeurs. C’est sur ce point que le Ministre a parlé de Barak Obama. « Obama n’a même pas les équipements de cet école !», en parlant avec une collaboratrice qui lui précisait à l’autre bout du fil, que l’école en question était équipée d’une salle de TIC. Il aurait fallu lui rappeler que le problème était dans ce qui manquait, pas dans ce qui existait.