C’est pratiquement isolé que le chef du gouvernement doit désormais défendre son budget 2013. Après les critiques de l’opposition, des syndicats et même des partis de la majorité, c’est le patronat qui a décoché les dernières flèches contre le projet de Loi de finances.
Car c’est une véritable volée de bois vert que vient de recevoir Abdelilah Benkirane et son cabinet de la part d’une CGEM particulièrement remontée contre le PLF 2013. Réuni lundi à Casablanca, le conseil d’administration de la confédération patronale tire à boulets rouges sur le prochain budget. Nombreuses de ses dispositions « ne répondent pas aux préoccupations majeures des entreprises », estime l’organisme patronal. Au lieu de travailler à « l’instauration de la confiance et l’amélioration de la compétitivité de l’économie nationale », le gouvernement a opté pour de nouvelles taxes qui grèvent les facteurs de production, fulmine la CGEM dans un communiqué. La colère de la confédération patronale, dirigée par Meryem Bensaleh n’a d’égal que sa démarche consistant à ouvrir le dialogue avec ses adversaires traditionnels : les syndicats. Les deux centrales de gauche, la CDT et la FDT qui s’étaient retirées d’une session du dialogue social tripartite en octobre, se sont ainsi assises à la même table que les patrons. Noubir Amaoui pour la CDT et Abderrahmane Azzouzi de la FDT ont confronté leurs visions respectives avec celle de Meryem Bensaleh, la chef de la CGEM. Compétitivité des entreprises et indispensable paix sociale étaient à l’ordre du jour, mais aussi droit syndical et protection sociale. Et si aucune décision n’a été tranchée, les deux parties vont discuter d’une proposition de loi réglementant le droit de grève, à présenter conjointement au Parlement.
Le PJD a ressenti comme un affront la sortie « surprenante » de la CGEM, qui était pourtant en discussion avec le gouvernement sur le PLF 2013. Un dirigeant du parti islamiste a d’ores et déjà descendu en flemmes les critiques du patronat. La suite promet d’être passionnante.