L’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, a publié hier jeudi un rapport qui révèle la présence dans « un prélèvement sur deux » d’eau potable réalisés dans toute la France de résidus issus du chlorothalonil, un fongicide commercialisé par le géant de l’agrochimie Syngenta et interdit en France depuis 2020.
En interdisant le chlorothalonil en 2019, l’Union européenne le classait cancérogène de catégorie 1B (avec un potentiel cancérogène pour l’être humain « supposé »). Elle indiquait alors qu’il était impossible d’établir que la présence de métabolites du chlorothalonil dans les eaux souterraines n’aura pas d’effets nocifs sur la santé humaine ni d’effets inacceptables sur lesdites eaux ou sur la faune et la flore qui les peuplent.
Dans un avis diffusé l’an dernier, l’Anses s’alignait sur celui de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Par précaution, l’agence française estimait donc que le métabolite chlorothalonil R471811 devait être considéré comme « pertinent » et faire l’objet de la même vigilance que la substance active.
Tous les trois ans, le laboratoire d’hydrologie de l’Anses situé à Nancy mène des campagnes pour mesurer la présence dans l’eau potable de composés chimiques « émergents », qui ne sont pas encore ou peu recherchés lors des contrôles réguliers.
Ce dernier rapport analyse ainsi la présence de plus de 157 pesticides et métabolites de pesticides, autrement dit des composants issus de la dégradation des produits phytopharmaceutiques qui existent en très grande variété mais que les experts savent doser depuis peu. Sur 157 pesticides recherchés, 89 ont été détectés au moins une fois dans les eaux brutes et 77 fois dans les eaux traitées.
Avec le métabolite du chlorothalonil R471811, le métachlore ESA, a également été repéré dans plus de la moitié des échantillons, même si moins de 2% d’entre eux dépassent la valeur de 0.9 microgrammes par litre définir pour les métabolites dits « non pertinents » (qui ne nécessitent à ce stade par la même vigilance qu’une substance active, faute d’indication sur les risques qu’ils pourraient représenter pour la santé des consommateurs).