Le verdict attendu ce vendredi dans le procès de trois avocats d’Alexeï Navalny, décédé en prison en février 2024, pourrait marquer une nouvelle étape dans la répression des voix dissidentes en Russie.
Soupçonnés d’avoir aidé Navalny à organiser des activités qualifiées d’extrémistes depuis sa cellule, les trois avocats Alexeï Liptser, Igor Sergounine et Vadim Kobzev, ont été arrêtés en octobre 2023 pour « extrémisme » et risquent des peines allant jusqu’à six ans de prison.
Le procès se déroule depuis mi-septembre devant un tribunal de Petouchki, dans la région natale du président Vladimir Poutrine, à l’Est de Moscou, où se trouve également la prison où Alexeï Navalny avait été un temps incarcéré.
Après le début de la première audience le 12 septembre, l’ensemble des débats ont eu lieu à huis-clos, à la demande du procureur, malgré les protestations des avocats de la défense. L’audience prévue ce vendredi doit débuter à 10h00 heure locale.
Au cours de la procédure, Igor Sergounine aurait plaidé coupable contrairement à ses co-accusés Alexeï Liptser et Vadim Kobzev qui plaidé non coupables, selon le média russe indépendant Mediazona. L’ONG Amnesty International a de son côté, exhorté Moscou à mettre fin aux « poursuites arbitraires » engagées contre les avocats.
Depuis le début de l’assaut contre l’Ukraine, en février 2022, la répression frappe toutes les voix dissidentes en Russie. Les avocats de militants de l’opposition étaient autrefois rarement emprisonnés, bien que soumis à une surveillance et à des menaces croissantes.
Mais, ces trois dernières années, plusieurs d’entre eux ont dû quitter le pays pour éviter d’être incarcérés. Deux autres anciens avocats d’Alexeï Navalny sont à l’étranger et sont visés par un mandat d’arrêt international.
Le militant charismatique contre la corruption, Alexeï Navalny avait été arrêté à Moscou en janvier 2021 à son retour d’Allemagne, où il avait été hospitalisé après avoir été victime en Sibérie d’un empoisonnement qu’il imputait au Kremlin, qui a toujours nié. Il avait ensuite été condamné à plusieurs lourdes peines, dont une de 19 ans de prison en août 2023 pour « extrémisme ».
Navalny communiquait essentiellement depuis sa prison via des messages transmis à ses avocats, dans lesquels il dénonçait notamment l’offensive en Ukraine et appelait les Russes à « résister ».
Son organisation, le Fonds de lutte contre la corruption (FBK) est aussi classée « extrémiste » en Russie depuis 2021. Les circonstances de sa mort dans une colonie pénitentiaire de l’Arctique en février 2024 restent obscures.
Nombre de ses anciens collaborateurs, réfugiés à l’étranger, travaillent désormais avec sa veuve, Ioulia Navalnaïa, qui a repris en exil le flambeau du mouvement de son mari, sans pour autant réussir à unir autour d’elle une opposition divisée et éparpillée à l’étranger.