Première puissance économique du continent africain, l’Afrique du Sud exporte près des deux tiers de sa production automobile, dont une part significative est destinée aux États-Unis.
Cette dynamique repose en grande partie sur l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), un accord commercial liant les deux pays et qui pourrait être remis en question face à la rhétorique de plus en plus critique de Donald Trump à l’égard de Pretoria.
Neil Diamond, président de la chambre de commerce sud-africaine aux États-Unis, a exprimé son pessimisme quant au renouvellement de cet accord, instauré en 2000 et offrant des conditions d’exportation avantageuses à plusieurs nations africaines.
En vertu de l’AGOA, les véhicules sud-africains sont exemptés de droits de douane à Washington, favorisant ainsi une forte augmentation des exportations du secteur, qui représente 22 % des biens sud-africains expédiés aux États-Unis, pour un montant global de 1,88 milliard de dollars en 2023.
Sept constructeurs majeurs, parmi lesquels BMW, Mercedes-Benz, Volkswagen et Toyota, opèrent en Afrique du Sud, dont l’industrie automobile emploie environ un demi-million de personnes, incluant l’ensemble de la chaîne de valeur, selon Billy Tom, président de l’organisation patronale Naamsa.
L’éventuelle non-reconduction de l’AGOA, prévue pour expirer en septembre 2025, pourrait donc avoir des conséquences fâcheuses, notamment pour les 86 000 emplois directement liés à cet accord et les 125 000 postes chez les sous-traitants.
Par ailleurs, la politique étrangère de l’Afrique du Sud, notamment son action en justice à la CPI contre Israël pour génocide et ses relations privilégiées avec la Russie et la Chine au sein du groupe des BRICS, s’oppose aux intérêts stratégiques des États-Unis.
Donald Trump pourrait invoquer une clause de l’AGOA stipulant que les bénéficiaires doivent aligner leurs actions sur les priorités diplomatiques et de sécurité américaines, pour exclure Pretoria du dispositif.
Selon Richard Morrow, analyste à la Brenthurst Foundation, Trump pourrait également restreindre l’accord au secteur automobile, historiquement considéré comme un indicateur de la santé économique des États-Unis et étroitement lié à sa base électorale.
La question qui se pose à présent est de savoir si son administration adoptera une posture strictement punitive à l’égard de l’Afrique du Sud ou si elle utilisera l’AGOA comme levier de pression pour infléchir la politique étrangère de Pretoria.