Donald Trump fait des déclarations imprécises sur les dépenses de défense des alliés de l’OTAN

Donald Trump a salué la Pologne comme l’un des rares pays respectant depuis longtemps les objectifs de dépenses de l’OTAN, mais les données officielles montrent que Varsovie n’a atteint durablement ce seuil qu’à partir de 2020.

Lors d’une rencontre officielle avec son homologue polonais Karol Nawrocki, le président américain Donald Trump a salué Varsovie comme l’un des deux seuls pays respectant « depuis longtemps » l’objectif de dépenses militaires de l’OTAN fixé à 2 % du produit intérieur brut (PIB). Il a ajouté que la Pologne avait « payé plus que ce qu’elle devait », tout en rappelant que cette cible avait récemment été portée à 5 % du PIB d’ici 2035, à son initiative.

Ces déclarations s’inscrivent dans un contexte politique sensible : le président Nawrocki a remporté de justesse l’élection polonaise en mai dernier, grâce notamment au soutien affiché de Donald Trump. Mais les données officielles de l’Alliance atlantique viennent nuancer, voire contredire, l’affirmation du président américain.

En réalité, dix membres de l’OTAN atteignaient déjà l’objectif de 2 % en 2023, puis dix-huit en 2024. Lors de l’adoption de ce seuil au sommet du Pays de Galles en 2014, la Grèce, le Royaume-Uni et les États-Unis le respectaient déjà. La Pologne a franchi la barre des 2 % pour la première fois en 2015, devenant alors, aux côtés de la Grèce, le seul État membre de l’Union européenne à atteindre l’objectif. Toutefois, ses dépenses sont repassées sous le seuil entre 2016 et 2019, avant de s’y maintenir durablement à partir de 2020.

Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, Varsovie a considérablement renforcé son effort militaire, atteignant aujourd’hui près de 4,5 % de son PIB, un niveau record au sein de l’OTAN. D’autres alliés, comme la Lettonie et l’Estonie, se maintiennent également au-dessus des 2 % depuis respectivement 2018 et 2019.

Si l’on restreint l’analyse aux seuls membres actuels de l’Union européenne, l’affirmation de Donald Trump s’approche davantage de la réalité. Néanmoins, les chiffres de l’OTAN, qui peuvent diverger d’autres estimations selon le mode de calcul du PIB et des dépenses militaires, confirment que la Pologne n’a rejoint durablement le peloton des « bons élèves » qu’à partir de 2020.