Le parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) a réalisé une percée spectaculaire, dimanche 14 septembre, lors des élections locales en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le Land le plus peuplé d’Allemagne. Selon les premières estimations publiées par la chaîne régionale WDR, la formation nationaliste a obtenu 16,4 % des suffrages, contre seulement 5 % lors du précédent scrutin, il y a un an.
Ce résultat marque un tournant dans une région traditionnellement dominée par l’Union chrétienne-démocrate (CDU) et le Parti social-démocrate (SPD). La CDU, emmenée par le chancelier fédéral Friedrich Merz, a conservé sa position de premier parti avec 34,2 % des voix, un score stable. Le SPD, en revanche, recule légèrement à 22,6 % contre 24 % il y a cinq ans. Les Verts connaissent la plus forte défaite de la soirée, perdant 8,5 points et chutant à 11,7 %.
Près de 13,7 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour ce scrutin municipal, considéré comme un test politique majeur quelques mois seulement après les élections fédérales qui ont conduit à la formation de la coalition CDU-SPD.
La progression de l’AfD confirme son ancrage durable sur l’échiquier politique national. En septembre 2024, le parti d’Alice Weidel avait déjà obtenu un score record de 20,8 % à l’échelle fédérale, revendiquant ouvertement l’ambition de devenir la première force politique du pays. Né en 2013 sur fond de critiques de l’euro, le mouvement a rapidement trouvé son socle électoral en instrumentalisant les inquiétudes liées à l’immigration et à l’insécurité. L’année 2016 avait marqué un tournant, après les agressions sexuelles de masse survenues lors de la nuit du Nouvel An, notamment à Cologne, qui avaient profondément choqué l’opinion publique.
Si l’AfD a longtemps été perçue comme un phénomène circonscrit aux Länder de l’Est, où elle est désormais la première force politique en Thuringe avec 33 % des voix, son succès en Rhénanie-du-Nord-Westphalie démontre une implantation plus large. Cette percée dans l’Ouest industriel du pays accentue la pression sur la coalition gouvernementale et confirme que le parti nationaliste n’est plus une simple force protestataire, mais un acteur incontournable du paysage politique allemand.