La Russie alourdit sa dette et s’appuie sur les emprunts intérieurs pour boucler son budget

Le déficit budgétaire en Russie continue de se creuser, confirmant l’ampleur des tensions économiques qui pèsent sur le pays à cause des énormes dépenses militaires dans la Guerre contre l’Ukraine et des sanctions économiques que les pays occidentaux imposent à la Fédération russe. 

Selon les dernières prévisions des autorités russes, le déficit devrait atteindre 2,6 % du produit intérieur brut (PIB) en 2025, contre 1,7 % initialement anticipés. Dans le même temps, la dette publique augmentera pour atteindre 17,6 % du PIB au début de l’année prochaine, un niveau encore modéré en comparaison au plan international, mais inédit pour la Fédération depuis plusieurs années.

Face à cette dégradation, le gouvernement russe n’a eu d’autre choix que d’ajuster son budget. Cette semaine, le Conseil de la Fédération a validé un projet de correction qui permettra de financer l’accroissement du déficit par une hausse des emprunts intérieurs. 

L’État russe, traditionnellement prudent dans sa gestion de la dette, privilégie désormais les financements domestiques, faute d’un accès ordinaire aux marchés internationaux depuis le durcissement des sanctions occidentales.

Cet ajustement budgétaire n’est pas seulement destiné à combler les comptes, mais prévoit également une hausse ciblée des dépenses publiques. 

Les autorités maintiennent en effet le financement du programme de prêts hypothécaires à taux préférentiels, devenu un levier essentiel pour soutenir un secteur immobilier fragile. Le texte inclut aussi des rallonges pour les dépenses de défense et de sécurité, ainsi que des investissements dans les infrastructures routières, éléments prioritaires dans le discours officiel du Kremlin sur la stabilité du pays.

Les parlementaires assurent que les obligations sociales de l’État, notamment les retraites, les aides familiales et les salaires du secteur public, seront préservées. Mais en coulisses, ce geste budgétaire en dit long : l’inflation continue d’éroder le pouvoir d’achat des citoyens, les sanctions économiques internationales s’installent durablement, et la marge financière du Kremlin se réduit. 

À moyen terme, Moscou devra composer avec une croissance anémique et une récession anticipée entre 1 % et 1,4 % en 2026, limitant encore davantage les capacités d’investissement de l’Etat russe.