PJD : Les réseaux féminins d’Abdelilah Benkirane

Vendredi 16 Septembre 2011, un ballet de véhicules de grande remise se pressaient en fin de journée aux abords d’une villa cossue sur les hauteurs de Rabat, afin d’écouter lors d’une « conférence privée » le leader du PJD, Abdellah Benkirane. Originalité de cette conférence ? Elle était organisée par Fathia Bennis,  patronne de Maroclear, avec la complicité bienveillante de la militante Amina Benchekroun Slaoui . Dans un salon plein à craquer de femmes venues entendre le leader islamiste, ce dernier a effectué un long exposé sur l’historique de la situation politique, avant de donner quelques éléments de perspective et de se prêter de bonne grâce au jeu des questions/réponses avec ce parterre de femmes très influentes. En effet, Bennis a pris soin d’inviter les représentantes les plus influentes de la gente féminine de Rabat et Casablanca, et ce dans le souhait de peut-être lever certains « mythes » autour du PJD. Ancienne patronne de la bourse de Casablanca, de l’Office National Marocain du Tourisme (ONMT) , Fathia Bennis est considérée comme l’une des femmes les plus influentes du Maroc ainsi qu’une militante intraitable de tout ce qui touche aux questions de genre et de discrimination positive. Organisatrice du Women’s Tribune d’Essaouira (qui a notamment accueilli la candidate socialiste française Ségolène royal), Fathia Bennis a affirmé à ses invités en recevant Benkirane qu’il s’agissait là d’une « initiative personnelle », dans l’optique d’informer sur le programme « réel » du PJD, et non sur son programme « fantasmé ». Selon plusieurs participants au débat, Benkirane s’est  montré chaleureux et très à l’aise face à une assemblée qui l’a assailli de questions en tout genre et qui ne lui aurait pas fait de cadeaux. Le leader islamiste ayant passé avec succès son examen de passage auprès de la bourgeoisie et des femmes de pouvoir, s’agirait il là de prémisses d’une tentative de « respectabilisation » du parti islamiste, amorçant ainsi un virage à la turque ? Rien en tout cas ne saurait faire plus plaisir au PJD, qui souffrait d’un manque de visibilité au sein des élites francophones de l’axe Rabat-Casablanca, et qui a trouvé dans cette initiative une plate-forme d’explication qui fera beaucoup plus pour la pédagogie du message du parti islamiste que beaucoup de meetings. Cependant, il faut  noter que cet intérêt soudain pour le PJD se fait notamment au détriment de l’…USFP, nombre de femmes participant à la conférence étant des soutiens notamment financiers du parti de la rose. Ce glissement de l’USFP vers le PJD de femmes extrêmement mobilisées et prescriptrices d’opinion inquièterait d’ailleurs certain dirigeants de l’actuelle majorité, qui y voient un signe annonciateur d’un bon score du PJD lors des prochaines législatives du 25 novembre prochain. A cet égard, Benkirane a tenu à marteler lors de son exposé que pour le PJD, ‘l’objectif numéro un est de combattre « la triche » lors des élections. Un message « balistique » adressé aux autorités et notamment au ministère de l’intérieur, avec lequel les relations ont plutôt tendues en ce moment.