Après plus de cinq mois de blocage dans la formation du gouvernement, le roi Mohammed VI a décidé mercredi de désigner une autre personnalité issue du PJD, le Parti de la Justice et du Développement arrivé en tête des élections législatives du 7 octobre 2016, pour former un nouveau Gouvernement en remplacement de Abdelilah Benkirane.
Cette décision intervient au terme de cinq mois de négociations infructueuses après la désignation par le souverain de Abdelilah Benkirane pour former un Gouvernement. Mais force est de constater que le Chef du Gouvernement désigné pour former un exécutif n’a pas réussi à faire aboutir les consultations politiques, l’ayant lui-même reconnu récemment.
Le blocage, qui n’a rien à voir avec l’entrée ou non de l’USFP au Gouvernement, est la conséquence de 5 mois de valse-hésitations et de crispations diverses. La logique d’ego a aussi été souvent placée avant la raison d’Etat. Pourtant, le roi a tout fait pour faciliter la tâche à Benkirane. A commencer par la nomination d’Abdelilah Benkirane, le secrétaire général du PJD, en qualité de Chef du Gouvernement en moins de 48 heures après les élections législatives d’octobre 2016.
Le souverain a également veillé à ne pas intervenir dans le processus, laissant une totale liberté d’action et encourageant plusieurs relances pour accélérer le processus. Mais le retard dans la constitution du gouvernement commençant à prendre une tournure grave pour l’économie, le roi garant de la pérennité des Institutions de l’Etat, a pris acte que cette situation ne pouvait perdurer.
A l’évidence, il ne s’agit pas d’une décision intervenue dans la précipitation. Le Souverain étant au dessus des contingences politiques et ayant pris le temps de laisser la séquence arriver à son terme et exercer les vertus démocratiques du consensus.
A cet égard, la Constitution est explicite et élude la question des personnes pour ne prendre en compte que le parti politique arrivé en tête lors du scrutin. Le roi a ainsi souhaité engager la séquence suivante du processus démocratique du pays.
Aussi, en application des dispositions de la Constitution et considérant les intérêts supérieurs de la Nation, le souverain a-t-il pris la décision de désigner une autre personnalité issue de la même formation politique arrivée en tête des élections législatives du 7 octobre 2016 et l’a chargée de former un nouveau Gouvernement.
Le Roi avait plusieurs options qui se présentaient à lui. Et pourtant, il a choisi une personnalité du même parti, témoignage d’un grand sens démocratique. Le Souverain aura soutenu Benkirane jusqu’au bout, et il a, par ailleurs, tenu à lui rendre hommage dans le communiqué publié par le Cabinet royal.
Avec cette décision, le Roi sauve une expérience démocratique au bord de l’arrêt, en donnant toute sa chance au processus de réussir. En même temps, le Roi surprend les détracteurs et faux analystes qui criaient déjà au hold-up démocratique.