Maroc: Instantanés politiques, ni péril jeunes ni jeunes en péril

C’est parce que les jeunes Marocains représentent plus de 70% de la population, qu’il faut admettre leur soif d’émancipation et de participation à l’édification du futur. Refuser cette réalité, c’est tout simplement faire preuve d’une volonté délibérée de vouloir maintenir un système sclérosé qui tourne sur lui même incapable d’intégrer du sang neuf et des forces vives. Sans oublier que la matière vivante l’emporte toujours sur la matière atrophiée. Les partis politiques, pourtant constitutionnellement responsables de l’encadrement des citoyens et de leur éducation politique et civique, ont adopté depuis longtemps une attitude qui considère les jeunes comme des mineurs incapables, juste apte à être dévoré par des habitués de la confrontation qui se joue à la  lumière du champ politique . Telle est la raison pour laquelle nos jeunes désabusés se sont retrouvés malgré eux côte à côte dans des manifestations avec des groupes obscurantistes nihilistes dont la pilosité est  proverbiale et les escouades d’un courant marxiste brandissant des portraits du « Che », ce courant qui n’a pas toujours fait le deuil de l’approche «blanquiste». L’onde de choc de ce mouvement des jeunes a certainement, sauf inconscience, été un signal d’alarme pour les partis politiques qui doivent sortir de leur léthargie. Il doivent re-dynamiser les structures de leur jeunesse partisane, laissée pour compte pendant plusieurs années.Aujourd’hui les jeunes par la force des choses s’impliquent peu à peu dans la politique. Mais pour devenir des éléments actifs au sein des partis, ils se heurtent toujours à des difficultés source de rancoeur et de découragement.

Ceux qui sont sur place ne veulent pas céder et en haut de l’échelle se manifeste une sourde hostilité qui ne se traduit pas par des actes précis, mais qui place les jeunes dans une ambiance pénible.C’est dans ces conditions que les jeunes ont été poussé à rejoindre le mouvement contestataire; gare à l’indigestion, car elle risque de porter un coup fatal au système politique du pays. Fort heureusement, les jeunes tiraillés ont fait preuve de maturité et tout contribuant à secouer la cocoteraie politique, se sont abstenu de répondre à l’incitation à la révolte, ils méritent donc admiration. Pour la majorité des jeunes marocains, il ne s’agit pas d’être plus ni d’avoir plus mais d’être dignement respectés et reconnus comme porteurs des idées au changement et à l’alternance salutaire pour un modèle de société moderne et libérée de toutes formes d’exploitation et d’aliénation.

Il est temps que les acteurs politiques fassent l’effort de comprendre les ressorts sur lesquels s’articulent l’attente de la jeunesse. Mais cela n’empêche en aucun cas de souligner que le contexte actuel est inapproprié pour que nos jeunes continuent à descendre dans les rues, même dans l’ordre absolu, sans que cela n’affecte la marche du train des réformes, nul n’est à l’abri des dérapages.