Encore une nuit de manifestations dans la ville d’Al Hoceima, mardi soir dans le sillage de l’arrestation de plusieurs symboles des protestataires, en tête desquels Nasser Zefzafi, au moment où de plus en plus de voix appellent à l’apaisement pour couper court à la recrudescence et à la surenchère.
Mardi, les procès des manifestants arrêtés au cours du week-end s’étaient ouverts à Al Hoceima. Dans la soire, les manifestants ont demandé la libération de toutes les personnes arrêtées ces derniers jours, dont le meneur du mouvement, Nasser Zefzafi. Le père de ce dernier Ahmed Zefzafi s’est adressé à la foule, appelant les manifestants à préserver le caractère pacifique du Hirak dans le Rif.
Il les a toutefois incités à continuer leur mobilisation, renvoyant ainsi à la stratégie de confrontation prônée par son fils. La même stratégie qui a mené Nasser Zefzaf à briser un interdit religieux, lorsqu’il s’est attaqué à l’imam et interrompu le prêche du vendredi dans une mosquée de la ville.
Du côté des partis politiques, les sections locales du PJD, PI et USFP ont critiqué « l’approche sécuritaire », demandé « la libération immédiate » des manifestants détenus, tout en appelant au dialogue.
Mais s’agit-il du même dialogue auquel appelle la société civile ? En tout cas, une délégation de médiateurs prévoit de se rendre dans la ville d’Al Hoceima, lundi 5 juin, justement pour enclencher un dialogue encore inexistant à l’heure qu’il est.
Il faut dire que le gouvernement avait dès le départ pris l’initiative d’envoyer une délégation ministérielle sur place, mais les protestataires conduits par Nasser Zefzafi jouaient sur la surenchère.
Les pouvoirs publics voient d’ailleurs avec beaucoup d’appréhension les références identitaires et ethniques scandées par les manifestants. Ils y voient une réelle menace pour l’unité de la nation.
A la Chambre des représentants, les partis politiques (majorité et opposition confondues) ont demandé la tenue d’une séance extraordinaire en vue d’entendre « les explications » de Abdelouafi Laftit, le ministre de l’Intérieur. Ce dernier devrait faire une intervention dans les prochains jours devant les élus, d’après Mustapha El Khalfi, le ministre délégué chargé des relations avec le Parlement.