Les regards sont braqués ce mercredi sur Rabat, qui accueille une réunion décisive dela Ligue arabe surla Syrie. Cette réunion extraordinaire des chefs de la diplomatie arabes est la première à se dérouler en l’absence dela Syrie. Une suspension décidée par la Ligue pour obliger Damas à mettre fin à sa répression sanglante des manifestants.
La réunion examinera plus particulièrement les moyens de faire pression sur le régime de Bachar Al Assad, afin de l’amener à se conformer au plan arabe de sortie de crise. Damas avait accepté ce plan, sans toutefois honorer ses engagements puisque les tirs contre les contestataires se sont poursuivis, faisant plus de 3.500 morts jusqu’à présent selon l’ONU. La rencontre de Rabat est déterminante dans le sens où elle devrait entériner la décision, prise le 12 novembre par la Ligue arabe, de suspendre la Syriejusqu’à ce que le régime de Damas arrête de tirer sur les manifestants. L’envoi d’observateurs est envisagé. Mais les ministres arabes des Affaires étrangères devraient surtout évoquer la recrudescence de la répression. Les violences ont marqué un pic dramatique il y a deux jours, avec la mort de plus de 70 personnes entre manifestants et soldats rebelles. Les défections dans les rangs de l’armée syrienne se sont multipliées ces derniers jours, ce qui fait craindre une intensification de la violence, voire un basculement dans une guerre civile à l’issue totalement imprévisible. Sur le plan international, la marge de manœuvre de Damas se rétrécit et l’isolement du régime est évident, excepté un soutien embarrassé de Moscou, Pékin et Téhéran.
Au niveau arabe et international, la réunion extraordinaire de Rabat représente un indéniable succès pour la diplomatie marocaine, qui vient s’ajouter à la clairvoyante démarche adoptée lors de la crise libyenne. Surtout que la réunion au Maroc intervient à un moment où la Liguearabe regagne en crédibilité. Jamais la Liguen’a été aussi écoutée au niveau international. Laminée jadis par ses dissensions internes, la Ligue a retrouvé une nouvelle vie avec le « printemps arabe », qui a renversé jusqu’à présent trois régimes des potiques arabes. La Syrieest un cas plus complexe, mais le régime de Damas n’a plus le choix.