Dans la perspective du 25 novembre 2011, date butoir pour les législatives devant consacrer les engagements scellés par la nouvelle constitution, les marocains sont partagés. La grande majorité attend l’épreuve des urnes, tandis que les irréductibles montent au pinacle pour dénoncer ce qu’ils appellent un jeu de mascarade. La grande question qui taraude les observateurs est liée à la capacité des acteurs politiques à mobiliser les indécis. En l’absence de sondage crédible le flou reste de rigueur. Alors que les partis politiques et les medias publiques incitent à la participation massive, la conviction que nourrissent ceux qui ont choisi de bouder le processus est ferme que le Maroc ira vers un échec électoral, prétendant que l’abstentionnisme plus fort que par le passé l’engendrerait.
Certains néophytes font l’amalgame entre l’appel au boycott et l’abstention. Le mot « Boycott » est plus fort que l’abstention active, car il sous entend l’échec du processus électoral. L’abstention c’est quand l’électeur décide d’exprimer son désaccord avec la candidature ou le programme proposé, s’abstenir dans ce cas d’espèce c’est aussi une façon de voter sans contester le processus. Ce comportement est très fréquent dans les pays les plus démocratiques.
D’autres facteurs influent également sur la participation aux élections, à savoir, les méthodes administratives de recensement qui n’ont pas atteint les normes modernes malgré l’informatisation, la timide campagne de sensibilisation, le choix du moment, le climat, etc. Pour ces raisons, une partie des électeurs se trouve exclue malgré elle des listes électorales. Cette exclusion se traduit souvent comme une forme d’abstention politique alors qu’elle n’est en réalité imputable qu’à des cas de force majeure, des cas personnels, ou purement d’ordre technique.
Loin de vivre une illusion démocratique, les marocains ne permettent plus la remise en cause du rendez-vous qu’ils ont pris avec l’Histoire, ils ont tranché en faveur d’une alternative porteuse d’espoir. La vision qu’ils ont maintenant de l’Etat de droit, de la citoyenneté, du développement, du progrès, du pluralisme, des relations à instaurer entre hommes et femmes, entre générations, n’a jamais été plus affinée, plus clairvoyante, ni plus généreuse. Le peuple marocain n’est pas prêt à mettre en danger ces acquis et ne veut pas importer une boîte de pandore nommée « Révolution » pour se retrouver dans le chaos. Après le 25 novembre 2011, le débat sur le projet démocratique ne sera pas clôturé, bien au contraire, il va acquérir plus d’ampleur et de vigueur, et tous les partenaires politiques seront appelés à faire leur mue.
Les marocains qui aspirent ardemment à une transition pacifique, mais irréversible, vers la démocratie iront certainement aux urnes le 25 novembre prochain. Ceux qui appellent au boycott tenteront d’entraver la liberté du citoyen, et l’appareil sécuritaire de l’Etat n’aura pas de choix que de protéger ceux qui ont opté pour la démocratie, son action sera un devoir pour le triomphe de la légalité. En raison de l’atmosphère de défiance qui a régné en l’absence de discours politique convainquant, le taux de participation aux élections ne sera probablement à la hauteur des attentes. Mais il est toujours possible de le rendre politiquement acceptable par une mobilisation des acteurs politiques la société civile et la vigilance des pouvoirs publics.
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