Le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy pratique vraisemblablement un double jeu dans ses rapports avec le Maroc. A l’heure où il est attendu ce mercredi 18 janvier à Rabat pour sa première visite officielle à l’étranger, depuis son investiture le 21 décembre dernier, les officiels marocains se demandent sur ce que Rajoy a de bon à leur offrir. Il est certes difficile de deviner l’offre du chef de l’exécutif espagnol, sachant que ce dernier est lui-même confronté dans son pays à de très sérieux problèmes d’ordre économique et financier. Avec un taux de chômage record de 21,52%, soit 5,4 millions de chômeurs à fin 2011, l’Espagne traverse en effet, une conjoncture économique des plus moroses et est même menacée de récession. Sa note souveraine vient d’être dégradée de deux crans, par l’agence de notation Standard & Poor’s (S &P). Elle est passée du double AA (qualité haute) à A (qualité moyenne supérieure), ce qui, bien entendu, n’a pas été du tout, du goût de Rajoy. Car, celui-ci n’a eu de cesse, depuis sa prise de fonction, de tenter de devancer les marchés en annonçant des mesures d’austérité d’envergure et des réformes d’urgence. Deux importants dossiers qui pèsent aussi bien au Maroc qu’en Espagne, à savoir l’accord de pêche Maroc-UE qui a été rejeté et devrait être corrigé et soumis de nouveau au parlement européen et celui de l’agriculture qui traîne depuis près de quatre à Bruxelles et qui attend d’être ratifié. Sur le premier dossier, les Espagnols font des mains et des pieds pour la reconduction de l’accord, car il y va de l’avenir de cent chalutiers de pêche qui sont immobilisés avec tout leur personnel. Alors que pour le second dossier, les professionnels espagnols de l’agriculture pèsent de tout leur poids pour que leur gouvernement fasse bloc contre la ratification de l’accord agricole Maroc-UE. Deux positions diamétralement opposés que les Marocains n’apprécient guère. Le gouvernement de Abdelilah Benkirane est donc très sollicité pour faire la part des choses et de ne point faire de sacrifices à son hôte espagnol au détriment des intérêts des professionnels marocains tant de la pêche que ceux de l’agriculture.
Ces derniers exigent que la renégociation de l’accord de pêche comme le sollicite Madrid, soit conditionnée par un franc appui espagnol à la ratification de l’accord agricole. La visite de Mariano Rajoy s’annonce donc tel un premier test pour évaluer la capacité de négociations des hommes de Benkirane.
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