Après les belles paroles, place aux actes. Maintenant que la déclaration gouvernementale a été validée au Parlement, Abdelilah Benkirane doit passer rapidement aux choses concrètes.
La plupart des commentateurs conviennent que le chef du gouvernement est en train de rompre avec la rebutante manière de communiquer de ses prédécesseurs. En défendant son programme devant la Chambre des représentants, Abdelilah Benkirane a utilisé un langage accessible et compris de tous. Surtout, le chef du gouvernement a pointé du doigt la corruption, les situations de privilège et les dérèglements bureaucratiques qui ont plombé de nombreux secteurs dans le pays. Reste à présent pour le gouvernement, conduit pour la première fois par des islamistes modérés, à passer du stade de diagnostic à celui du traitement et des remèdes. Il s’agit en particulier de s’attaquer à des problèmes prioritaires dans des secteurs où l’attentisme et les atermoiements ne sont plus permis. A commencer par le chômage des jeunes, particulièrement les jeunes diplômés. C’est un problème qui nécessite un traitement durable et non des demi-solutions qui donnent de faux espoirs aux jeunes et qui conduisent à des surenchères et des situations incontrôlables.
La justice est également un chantier sur lequel le cabinet Benkirane est très attendu. Le nouveau ministre de la justice, Mostafa Ramid est un avocat chevronné. Il ne connaît que trop bien les procès interminables et le parcours de combattant que doit parcourir le justiciable, jusqu’à lui faire regretter d’avoir songé à mettre les pieds dans un tribunal. Une situation qui doit être corrigée rapidement afin de regagner la confiance des citoyens dans la justice de leur pays et arrêter de dissuader les opérateurs économiques. La caisse de compensation est un autre problème où l’attente serait hautement périlleuse pour l’équilibre budgétaire de l’Etat. Ce système était destiné à l’origine à maintenir les prix des produits de base à un niveau supportable pour les plus pauvres. Mais, il s’est transformé en un énorme gouffre pour les finances publiques, où les riches se servent sur un pied d’égalité avec les plus démunis. Aujourd’hui, le nouveau gouvernement ressort le projet d’un fonds de solidarité, dont l’ébauche avait été esquissée par son prédécesseur. Là encore, il faut aller avec beaucoup de doigté et de discernement et éviter de tomber dans l’assistanat improductif et démotivant. Ce ne sont là que quelques dossiers de l’agenda chargé qui attend l’équipe Benkirane, mais dont le règlement permettra de rassurer les citoyens et d’encourager le gouvernement.
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