Les 1800 juges affiliés au club des Magistrats du Maroc ont été pris de court par un geste inattendu du ministre de la justice et des libertés, Mustapha Ramid. Alors que le Club qui réclame avec insistance depuis 2009, l’amélioration des conditions matérielles et sociales des magistrats, s’apprêtait à porter plainte contre l’Etat marocain devant les tribunaux administratifs, Ramid a annonce ce début de semaine des augmentations salariales substantielles au profit des juges. Le ministre de la justice est allé voir lundi l’argentier du royaume pour plaider leur cause. Et comme dit l’adage, « charité bien ordonnée commence par soi-même », le nouveau ministre de la justice a revêtu sa toge pour plaider la cause de ses hommes du terrain et ce, trois jours seulement après l’investiture du gouvernement Benkirane par le Parlement.
En voulant porter plainte contre l’Etat, les magistrats membres du Club, comme l’explique son président, Yassine Moukhli, ne demandent que «la mise en œuvre du discours royal du 20 août 2009 (sur la réforme de la justice) qui avait mis l’accent sur la nécessité de l’amélioration des conditions sociales des magistrats ». Dans leur cahier revendicatif, les magistrats demandent en plus de la révision de leurs salaires et indemnités, le droit au logement et à la couverture sociale.
Dans sa réaction à la démarche du club des magistrats, Mustapha Ramid très connu pour son franc-parler, a déclaré qu’en tant que ministre «j’estime que nous n’avons pas besoin de telles actions pour assumer notre mission ». Il a assuré que son département prévoit des augmentations correctes de salaires au profit des juges des échelles 3, 2 et 1, catégories que nous jugeons lésées en ce qui concerne leur situation financière ».
Selon certaines indiscrétions, Ramid aurait déjà obtenu l’accord de principe auprès du ministère des finances pour de telles augmentations salariales. Il explique cette générosité des finances publiques envers le corps de la magistrature par la volonté du gouvernement de baliser le terrain pour la réforme de la justice et assainir le secteur dans le cadre de la lutte contre la corruption qui le ronge depuis fort longtemps. Il est inconcevable, argumente-t-il, d’exiger compétence, probité, intégrité et honnêteté d’un juge qui ne touche qu’un misérable salaire mensuel de 9400 DH.
C’est pour remédier à cette anomalie, que le ministre de la justice a proposé de revoir à la hausse les salaires des magistrats à hauteur de 4800 DH pour les juges de première catégorie (échelle 1) qui perçoivent après 15 ans d’ancienneté, un salaire de 18200 DH. Pour les magistrats de deuxième et troisième catégorie, leur salaire devrait passer respectivement à 20000 et 15000 DH. Outre ces augmentations de salaire, 773 magistrats vont bénéficier d’une promotion en 1ère catégorie, 548 autres passeront en seconde catégorie et 952 seront promus au grade de juge de 3ème catégorie. Après cet effort financier de l’Etat et vu les temps de crise qui courent, le citoyen aura-t-il de son côté, le droit d’exiger la contrepartie du corps de la magistrature, tant il s’agit de l’argent du contribuable ?
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