Abdelilah Benkirane est certainement inspiré du proverbe marocain disant : « fais comme ton voisin sinon déménage», en voulant, selon certaines indiscrétions, emboiter le pas à son voisin ibérique, Mariano Rajoy, pour se maintenir à la tête du Parti Justice et Développement (PJD). Après sa désignation à la tête du gouvernement espagnol de droite, Rajoy a réussi un autre joli coup, en briguant à l’unanimité, un nouveau mandat à la tête du Parti Populaire (PP) qui l’a porté au pouvoir en remportant une écrasante victoire contre les socialistes lors des élections générales du 20 novembre dernier. Mais, selon les mêmes sources, l’idée de l’actuel secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, ne fait pas pour l’instant l’unanimité dans les rangs de son Etat-major. Nombre des hauts dirigeants du parti de la lampe, estiment plutôt que d’un point stratégique, les instances du parti islamiste devraient garder leur distance de l’exécutif même si celui-ci est coiffé par un des leurs et comprend plusieurs ministres islamistes. Pour tenter d’amadouer les récalcitrants et de rallier le maximum de voix en sa faveur, en prévision de la tenue les 14 et 15 juillet du 7ème congrès du parti, une date qui doit être confirmée incessamment par le Conseil National, Benkirane a convié ses hommes à un week-end bien intime du côté de Bouznika. Hormis le ministre de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles technologies, abdelkader Amara, les dix autres ministres ainsi que le secrétaire général de l’Union nationale du travail au Maroc (UNTM), Mohamed Yatim ont répondu favorablement à l’invitation de Benkirane. Ils ont passé ensemble la soirée du samedi et la matinée du dimanche, dans une résidence touristique privée située sur l’axe Bouznika-Benslimane, où ils ont débattu à huis-clos de l’état actuel des choses au sein du parti de la lampe et se sont concertés sur les futures démarches à suivre par les ministres PJDistes.
L’élection du futur secrétaire lors du prochain congrès national prévu dans les quatre mois à venir et la pertinente question des candidatures à ce poste, s’est taillée la part du lion dans les discussions de Benkirane avec ses ministres durant tout le week-end, loin des regards indiscrets des journalistes et des médias. Le tonitruant Benkirane a-t-il encore la côte d’avant les législatives anticipées, pour tenter et réussir le même coup de son homologue espagnol, Mariano Rajoy, ou alors va-t-il se résiner à s’occuper uniquement de son exécutif pour laisser les mains libres à son parti ?