Un homme d’affaires français faisant partie du cercle des amis du président sortant, Nicolas Sarkozy, se trouve ces derniers jours entre les tenailles de la justice française pour fraude fiscale. Condamné dans le scandale politico-financier Elf en 2003, la tête de Maurice Bidermann, de son vrai nom Maurice Zylberberg, est également réclamée par le Fisc marocain pour défaut de déclaration des revenus et évasions fiscales. Bidermann qui est domicilié fiscalement au Maroc, fait l’objet d’une plainte émise à son endroit par les autorités fiscales marocaines. En France il est poursuivi dans le scandale politico-financier d’Elf, un vaste dossier compromettant sur la base de surfacturations, de faits de corruption et de commissions occultes. Il s’agit de l’un des plus gros scandales du genre dans les années 90. Les médias français parlent d’un « exilé fiscal sous haute protection » qui se dit « ruiné » et « n’a pu payer les indemnités accordées à Elf à l’issue du procès » civil, soit plus de 22 millions d’euros de dommages et intérêts.
Son ancien avocat, le député socialiste, Christian Eckert qui l’accuse directement d’évasion et de fraude fiscale, a tout récemment interpellé devant l’Assemblée nationale, l’actuelle ministre du Budget, Valérie Pécresse. Bidermann, a-t-il déclaré d’un air accusateur, est «quelqu’un qui roule carosse en France, qui est domicilié fiscalement au Maroc, qui fait beaucoup d’affaires dans tous les sens du mot ». Très gênée, la ministre a tenté d’esquiver les détails en invoquant le « secret fiscal ».
En dépit de cette affaire, Bidermann a fait dernièrement un retour éclatant dans le giron politique de Nicolas Sarkozy, puisqu’il s’est fait inscrire sur les listes électorales à Paris en prévision des prochaines échéances dans l’Hexagone.
Les autorités fiscales du royaume chérifien qui ont ouvert une enquête sur les revenus de Bidermann, ont adressé le 3 janvier dernier une demande en ce sens aux autorités françaises. Il est écrit dans la demande de la direction générale des impôts, que « notre administration a sollicité l’aide de la DGI (Direction générale des impôts) française, luxembourgeoise, belge et britannique pour appréhender les revenus réalisés, dans ces pays respectifs, par Bidermann. A travers sa demande, le Fisc marocain veut aussi les informer de « la situation fiscale réelle de ce contribuable qui a choisi le Maroc comme domicile fiscal sans y déclarer tous ses revenus de source étrangère ».
L’affaire ELF avait éclaté à la suite d’une enquête sur un prêt suspect d’environ 800 millions de francs (près de 150 millions d’euros), accordé par la société pétrolière au groupe Bidermann, via des circuits offshore. Bidermann avait été condamné en 2003 dans ce procès, à trois ans de prison dont deux avec sursis et à un million d’euros d’amende qu’il n’a pas réglé. Si les accusations de fraudes fiscales qui pèsent sur Bidermann sont retenues, il risque de payer cher la note tant pour le fisc marocain que pour la justice française.