Pour le troisième vendredi successif de protestations contre la candidature du président Bouteflika pour un 5eme mandat, des milliers d’Algériens ont continué de manifester à Alger et dans d’autres villes du pays, ignorant les menaces de « chaos » proférées par le clan présidentiel, et exigeant la fin d’un régime qualifié de « corrompu ».
Les manifestations de ce 8 mars, marquées par une présence importante de femmes, rassemblent des centaines de milliers de personnes, davantage qu’au cours des deux précédents vendredis. Une mobilisation qui met la pression sur le pouvoir, qui a diffusé jeudi un communiqué du président Bouteflika, paralysé et incapable de parler depuis le sévère AVC dont il a été victime en 2013.
Dans ce communiqué, le président met en garde contre le « chaos » qui pourrait être provoqué « de l’intérieur ou de l’extérieur ». Mais de nombreux Algériens ne voient dans ces mises en garde qu’un chantage au retour à la « décennie noire » de guerre civile (1992- 2002), qui avait fait des dizaines de milliers de morts.
Les mêmes mises en garde avaient été lancées aux manifestants par le puissant chef de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, et par le premier ministre Ahmed Ouyahya.
Cette détermination de la rue s’accompagne d’un début de fissure dans les rangs du pouvoir, avec la défection de plusieurs dirigeants du Front de libération nationale (FLN), le parti qui dirige le pays depuis l’indépendance.
Mais l’armée, dont les chefs sont considérés comme les véritables détenteurs du pouvoir en Algérie, reste encore unie, en dépit du limogeage du plusieurs généraux au cours de 2018, vraisemblablement à cause justement de leur refus d’un 5eme mandat du président Bouteflika, 82 ans et gravement malade.