Le Maroc verra bientôt l’ouverture de ses premières banques islamiques. Le ministre délégué chargé des Affaires générales et de la gouvernance, Mohamed Najib Boulif est catégorique à ce sujet. Il a confié au quotidien arabophone « Attajdid », porte-voix du Parti de la Justice et du Développement (PJD), qu’un projet de loi dans ce sens est en cours d’élaboration et pourra être fin prêt tout prochainement. Une fois prêt, le projet de loi qui a été préparé par une équipe d’experts issue du PJD supervisée par Boulif en personne, sera présenté à la Chambre des représentants. Cependant, le projet de mise en place des outils du financement islamique au Maroc, piloté par le spécialiste économique et financier du parti de la lampe, risque de créer des tensions avec le Wali de Bank Al Maghrib et derrière le puissant lobby des banquiers. Pour Boulif ce type de financement conjugué aux investissements mixtes publics privés, sera un des vecteurs du développement qui dopera le marché national de la finance. Or, pour pouvoir concrétiser cette stratégie, le ministre délégué PJDiste devra d’abord amadouer le Gouverneur de Bank Al Maghrib, Abdellatif Jouahri, un défenseur attitré du système bancaire classique. Le lobby banquier a déjà par le passé, forcé la main à Jouahri pour l’inciter à bloquer plusieurs projets de banque islamique soumis par des promoteurs des pays du Golfe qui voulaient s’implanter dans le royaume chérifien. Le ministre délégué, dont les attributions viennent d’être renforcées et étendues avec la publication au Bulletin Officiel du 12 mars, d’une nouvelle liste des ministères du gouvernement Benkirane et de leurs attributions, après celle du début février qui ne comprenait que les titulaires de 18 départements, a d’autres projets dans la poche. Dans le cadre de la réforme en cours de la Caisse de compensation qui saigne le budget de l’Etat, Boulif s’attèle à la création de deux Fonds, celui de la Zakat (aumône) et et celui des Habous. Le premier existe déjà par la force de la loi sous l’appellation du « Fonds spécial Zakat » mais il n’est pas encore opérationnel. Ce projet devrait subir quelques amendements avant d’être activé à partir de 2013. Après son institutionnalisation, explique Najib Boulif, le fonds de la Zakat, sera orienté vers la caisse de compensation, ce qui allégera en partie le déficit budgétaire public. Le ministre délégué a également précisé qu’une vision claire sur le fonctionnement et les mécanismes d’intervention de la future caisse de compensation, sera disponible avant l’été prochain. Parallèlement à cette réforme, les deux fonds et le Fonds de solidarité déjà introduit dans le projet de loi des finances 2012, devraient prendre en charge les aides directes aux populations démunies, ainsi la caisse de compensation aura une vocation plus spécialisée et ses charges seront bien allégées.
Pour faire face au déficit budgétaire alarmant et déséquilibrer de la balance commerciale, l’économiste du PJD avance ses autres recettes de la bonne gouvernance politique et économique qui injectera annuellement, entre 50 et 60 milliards de DH supplémentaires dans les caisses de l’État. Pour preuves, Boulif se réfère à des études de terrain menées par des organismes nationaux et internationaux et qui évaluent à 2 points du PIB, la perte causée par la corruption et l’économie de rente. Il faut aussi, suggère-t-il, booster l’investissement public pour soutenir la croissance. De telles mesures suffiront-elles au gouvernement Benkirane pour surmonter la pente ? Seul le temps nous le dira.
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