Le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane a reçu avant-hier plusieurs membres de la Fédération nationale du Tourisme (FNT). Une nouvelle qui ne mériterait pas de commentaire. Sauf que le rencontre n’est pas de simple convenance, mais traduit bien l’embarras de Benkirane qui se voit obligé de corriger la bourde de son ministre de la Justice.
Le remuant Mustapha Ramid avait en effet provoqué un tollé en affirmant que les touristes se rendaient à Marrakech pour y commettre le péché. La déclaration n’a bien sûr pas été du goût des professionnels du tourisme, ni de tous ceux qui visitent la ville ocre en simples touristes. Certains ont été consternés de voir qu’un membre du gouvernement lance des accusations à l’emporte-pièce, dans des cas de moeurs qui méritent au moins l’ouverture d’une enquête judiciaire si des preuves étaient établies. Conscient de l’énorme gaffe du ministre de la Justice, le chef du gouvernement a cherché à rassurer la délégation de la FNT. A-t-il réussi à le faire ? Pas si sûr. Car la bévue de Ramid n’est pas un cas particulier. Elle est mise sur le compte de la volonté des ministres islamistes de maintenir le rythme de leur communication politique. Question de prouver aux bases et aux militants du PJD qu’ils demeurent fidèles à leurs promesses électorales. D’ailleurs, l’approche des élections communales et professionnelles n’est certainement pas étrangère à cette frénésie à tout-va.
Du reste, le ministre de la Justice n’est pas le seul à s’être laissé emporter dans cette surenchère post-électorale. Son collègue des Transports et de l’Equipement avait fait mieux. Quelques jours seulement après sa nomination, Abdelaziz Rebbah ne s’est pas empêché de livrer à la vindicte publique les noms de bénéficiaires d’agréments de Transport public. L’initiative a été saluée comme un signe de la détermination du gouvernement à rompre avec la ruineuse économie de rente. Mais la manœuvre a aussitôt tourné au flop. La publication de la liste des bénéficiaires n’ayant eu aucune suite ni aucun effet, à part celui de stigmatiser des citoyens et des citoyennes comme s’il s’agissait d’infâmes voleurs. L’initiative avait été critiquée jusqu’au sein même de la coalition gouvernementale, après la désolidarisation de Nabil Benabdellah, le ministre PPS de l’Habitant.
Il serait vain d’énumérer toutes les sorties hasardeuses de ministres PJD pour prôner l’interdiction de tel festival musical ou différer telle programmation francophone sur les télévisions publiques. Certains en arrivent à se demander si le bilan des 100 premiers jours du premier gouvernement islamiste du Maroc, se résume à des interdictions et des déclarations intempestives.