Comme dit le dicton arabe, on ne sort pas du bain comme on y entre. C’est le dicton arabe qui s’applique au ministre de l’Equipement et des Transports, Aziz Rebbah qui, après avoir publié la liste des bénéficiaires des agréments du transport routier, s’attire à présent la foudre des détenteurs des « grimates » des carrières de sable et de roches, dont il s’apprête à publier les noms. Son problème c’est que les premiers bénéficiaires sont des gens de « petit calibre », alors que parmi ceux de la seconde catégorie, figurent des personnalités physiques et morales de grosse pointure. C’est pour cette raison, expliquent des personnalités haut placées, que le ministère fait trainer un peu les choses pour donner le temps à ceux qui ne veulent pas se faire connaitre par le grand public de restituer volontairement ces agréments. Or, dès l’annonce de la préparation de la fameuse liste avant sa publication, Abdelaziz Rebbah est pris entre deux feux. Son département fait l’objet de fortes pressions. D’une part les bénéficiaires haut placés qui cherchent à le dissuader de passer à l’action et d’autre part, certains poids lourds de l’opposition réclament avec insistance au nom de la société civile et de l’opinion publique, la levée du voile sur l’identité des détenteurs des agréments des carrières des sables et des bateaux de pêche en haute mer. Mais Rebbah semble être bien résolu à aller jusqu’au bout de sa démarche quitte à fâcher certains membres de la coalition gouvernement qui sont directement ou indirectement concernés par cette affaire.
Au début de cette semaine, le ministre de l’équipement et des transports a tenu à préciser devant les députés, que son département est en train d’apporter les dernières retouches à cette liste pour sa publication. Sa démarche, il l’explique par la volonté du gouvernement Benkirane de consolider la bonne gouvernance et de combattre l’économie de rente.
Rebbah, qui répondait lundi aux questions orales des députés sur l’exploitation anarchique des carrières de sable, a tenu à préciser que 55 % des carrières exploitées ne sont pas autorisées, ce qui représente pour le budget de l’Etat, un manque à gagner de 5 milliards de DH. Il a promis que l’ère des agréments est désormais révolue et que l’exploitation des carrières (sable et pierre) sera ouverte à tout investisseur potentiel, à la seule condition de respecter les règles de la compétitivité, les lois en vigueur et les cahiers de charge.
Pour mettre un terme à ces pratiques illicites, Rebbah a précisé que son département fait désormais usage de la cartographie pour contrôler les carrières de sable. Abdelaziz Rebbah, se demandent certains observateurs, a-t-il été vraiment convainquant pour aller au bout de sa démarche ou ne fait-il que s’enfoncer dans un bourbier, d’où il est difficile de s’en sortir ?