Le vote décisif, lundi à la Chambre des représentants, du projet de loi-cadre sur l’enseignement a été assombri par les dissensions apparues au sein du PJD après la sortie de Abdelilah Benkirane qui s’est posé en détracteur d’un texte devant déterminer l’avenir de l’enseignement dans le pays.
Ce projet avait pourtant été validé en commission, la semaine dernière, après des mois de tergiversations et de blocages menés par des députés du parti islamiste et de l’Istiqlal. C’est essentiellement l’article sur l’alternance linguistique, qui permet l’enseignement en langues étrangères de certaines matières scientifiques et techniques, qui cristallise la polémique.
Pour le reste, le projet de loi-cadre est destiné à placer l’enseignement au dessus des surenchères idéologiques et de l’instrumentalisation politique de ce secteur névralgique à des fins souvent électoralistes.
Mais l’ancien dirigeant du parti de la Lampe ne le voit pas de cet œil et défend bec et ongles l’arabisation de l’enseignement. Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, durant le week-end, Abdelilah Benkirane a appelé les élus islamistes du PJD à voter contre le projet de loi-cadre, provoquant une vraie zizanie dans les rangs du parti.
Dans les rangs de la majorité, et même au sein du parti islamiste, beaucoup n’hésitent pas à estimer que le nouveau positionnement de Benkirane est plutôt destiné à jauger le degré d’influence qu’il conserve au sein de son parti.
La sortie polémique de Benkirane a vite fait réagir le Secrétaire général du parti et chef du gouvernement, Saad-Eddine El Othmani. A quelques heures du vote décisif, ce dernier a présidé une réunion élargie aux 125 députés islamistes que compte le Parlement, après avoir appelé, la veille, les élus et tous les membres du parti au respect scrupuleux « des décisions des institutions du PJD».