Le PJD peine décidément à se fondre dans sa nouvelle position de parti qui conduit la majorité gouvernementale. Le tollé provoqué après la brève interdiction, le 1er septembre, d’une manifestation de la Jeunesse du parti dans un espace de plein air à Tanger, en est une énième illustration.
L’interdiction n’en était pas une, puisque la manifestation a finalement eu lieu le soir même, en présence du chef du gouvernement, mais dans un endroit fermé. Les interprétations qui ont foisonné durant le week-end ont largement contribué à surdimensionner l’événement. Certains ont hâtivement parlé d’un début de rupture entre Abdelilah Benkirane et Mhand Laenser, le ministre de l’intérieur et dirigeant du Mouvement Populaire (MP), le parti de la coalition. Pour d’autres, les jours de la majorité ne tenaient plus qu’à un fil. Il fallait attendre le communiqué du ministère de l’intérieur, lundi, pour voir plus clair après cet orage de fin d’été. Le département de l’intérieur a ainsi justifié le déplacement de la manifestation par de simples considérations « d’impartialité » et « d’égalité des chances ». A quelques semaines d’élections législatives partielles, prévues début octobre dans la circonscription Tanger-Asilah, il est indispensable d’observer la neutralité entre les partis politiques en lice. L’autorisation d’une manifestation de quelque 2000 militants et sympathisants du PJD, de surcroît sur une place publique, aurait été jugée comme un tacite soutien des autorités locales au parti de la majorité.
Pourtant, les affidés du PJD n’ont vu dans la furtive interdiction que des mains comploteuses contre le parti islamiste. Le ministre des Affaires générales et de la Gouvernance, Najib Boulif en a profité pour se rappeler de ses tirades du temps de l’opposition. Jusqu’au frénétique député Abdelaziz Aftati, qui a vu dans l’interdiction une « humiliation » pour le PJD. Les deux semblent oublier que le PJD, c’est le gouvernement et que la responsabilité de l’interdiction incombe au gouvernement et aux autorités qui en relèvent.