L’élection de Hamid Chabat à la tête de l’Istiqlal n’était une surprise pour personne. Même avec seulement 20 voix d’écart qui le séparent de son concurrent Abdelouahed El Fassi, la partie était presque jouée d’avance pour le chef syndicaliste.
Car Hamid Chabat, 54 ans, était d’abord le président redouté de l’UGTM, l’aile syndicale de l’Istiqlal. A ce titre, il était rompu aux luttes pour le pouvoir et tissait depuis des années de solides alliances à l’intérieur du parti nationaliste. Et en plus de ses qualités de tribun au langage acéré, il n’hésitait pas à monter au front pour croiser le fer avec ses rivaux politiques les plus redoutables. Presque le contraire de son concurrent Abdelouahed El Fassi, homme aimable et d’apparence conciliante. Ce dernier semble avoir même était plombé par le soutien du secrétaire général sortant. Abbas El Fassi était en effet décrié par une bonne partie des istiqlaliens pour avoir érigé le népotisme en règle dans les rangs du parti. Abbas El Fassi était également critiqué pour son passage quasiment insignifiant à la primature. Autant d’éléments qui ont joué en défaveur du candidat malheureux Abdelouahed El Fassi. En fin de compte, il paraît que le score honorable obtenu par le fils du fondateur du parti ne soit dû qu’à une tardive coalition de certaines familles istiqlaliennes opposées à Hamid Chabat. Cette mobilisation n’a toutefois pas eu l’effet escompté face au rouleau compresseur Chabat. Le maire de Fès, fidèle à sa réputation d’incorrigible fonceur, a résisté jusqu’au bout. A chaque fois, il démentait les prédictions de ses détracteurs qui présageaient son retrait de la course. Hamid Chabat le populiste, le baroudeur a pourtant tenu la dragée haute à l’establishment du parti, jusqu’à ce jour du 23 septembre où il a obtenu la majorité du vote des 945 membres du Conseil national.
Finalement, ce qui constitue un vrai tournant dans l’élection de Hamid Chabat, c’est qu’il s’agit précisément d’une « élection », la première dans le plus vieux parti marocain. Auparavant, les successeurs de Ahmed balafrej et Allal El Fassi ont tous été cooptés par les ténors de l’Istiqlal. Après cette élection, ce sont les portefeuilles ministériels du deuxième parti de la coalition gouvernementale qui sont en jeu. Vu son tempérament, il n’est pas totalement exclu que Chabat demande de retoucher les noms de quelques ministres de l’Istiqlal qui participent au cabinet de l’islamiste d’Abdelilah Benkirane. Un chamboulement en vu ?