L’heure de vérité a-t-elle enfin sonné dans la délicate réforme des caisses de retraites ? Le Chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane dans son intervention mercredi devant la Chambre des Conseillers, n’y est pas allé par quatre chemins pour dire que les caisses de retraites ne sont plus qu’à un pas de l’effondrement.
Contrairement à ses prédécesseurs depuis une décennie, Benkirane aura au moins eu le courage de se départir de la langue de bois habituelle pour annoncer que, parmi toutes les caisses de retraite, la CMR est désormais menacée de descente aux enfers à brève échéance si rien n’est fait pour arrêter les dégâts. Depuis fin 2012 déjà, la Caisse Marocaine des Retraites, celle qui sert pratiquement tous les fonctionnaires de l’Etat, est déficitaire. Ses revenus ne couvrent plus les pensions versées, l’obligeant d’ores et déjà à ponctionner sur les dividendes financiers. Et en l’absence de mesures énergiques pour redresser la barre, la CMR serait dans l’incapacité de servir les pensions à partir de 2021. Dans les autres caisses, la situation n’est guère meilleure. C’est simplement une question de temps pour que la CNSS, la caisse des retraites pour le secteur privé, la CIMR ou le RCAR touchent le fond si rien n’est fait pour remédier à la situation. Pourtant, cette catastrophe annoncée avait était diagnostiquée en long et en large et retournée dans tous les sens par les gouvernements successifs depuis plus de dix ans. Tous prédisaient le naufrage, prescrivaient les remèdes possibles pour éviter la déchéance, mais aucun n’a eu le courage politique de saisir le taureau par les cornes. Chaque gouvernement préférant contourner les résistances des syndicats ou d’autres intervenants en refilant la patate chaude au gouvernement suivant.
A présent, le gouvernement Benkirane est dos au mur. Tous les observateurs conviennent que le temps n’est plus aux faux-fuyants ni aux subterfuges. Les scénarios de réforme sont connus et il n’y a pas lieu de réinventer la roue. C’est de courage politique et de détermination qu’il s’agit.