La nouvelle tournée du roi Mohammed VI dans quatre pays africains est révélatrice de l’orientation résolument africaine du souverain, qui place désormais la coopération Sud-Sud en haut de l’agenda diplomatique marocain.
Il est certain que sur le plan économique, la diplomatie royale a favorisé l’implantation de grandes entreprises marocaines en terre africaine. Les opérateurs de télécommunications, des banques, des assurances ou du BTP sont aujourd’hui présents dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne et occidentale. Quant au transport aérien, Casablanca est devenue un véritable pont aérien entre l’Europe et l’Afrique de l’Ouest. Un hub régional dans lequel la RAM joue le rôle de cheville ouvrière. Cette dimension économique est illustrée par l’étape malienne de la visite royale, qui sera marquée par la signature de plusieurs accords de coopération économique bilatérale. A Bamako, le souverain devrait aussi procéder, en compagnie du président Ibrahim Boubacar Kéita, au lancement des travaux de construction d’une clinique périnatale, financée par le Maroc pour plus de 3,5 milliards de francs CFA.
Le volet économique ne devrait toutefois pas éclipser la place ascendante que le Maroc prend sur l’échiquier sahélo-saharien. Un espace où les enjeux stratégiques et sécuritaires sont devenus évidents pour le Maroc. La récente audience accordée par le souverain à Bilal Ag Acherif, le chef du MNLA, le Mouvement national de libération de l’Azawad, préfigure une éventuelle médiation marocaine dans le difficile dialogue politique au Mali. Ceci d’autant plus que le Roi Mohammed VI entretient de très bons rapports avec le chef de l’Etat malien. Les diverses parties au dialogue au Mali reconnaissent en effet au souverain non seulement un rôle politique certain dans la région, mais également une autorité morale et religieuse. Le fait que le Mali envoie 500 imams pour parfaire leur formation religieuse au Maroc, et que d’autres pays musulmans comme la Tunisie, la Libye ou la Guinée en expriment le souhait, n’est certainement pas le fruit du hasard.
De surcroît, ce grand retour du Maroc en Afrique est une nécessité diplomatique qui sert les intérêts du royaume dans le dossier du Sahara. En effet, les nombreux pays africains qui ont toujours soutenu le Maroc sur cette question confirment leur appui dans les instances aussi bien africaines qu’internationales. De l’autre côté, plusieurs pays qui avaient été bernés dans les années 70 par Boumediene et Kadhafi à grand renfort de pétrodollars, commencent à se rendre compte de la supercherie. Certains ont retiré leur reconnaissance à une république sahraouie qui n’existe que dans les cartons d’Alger, alors que d’autres pensent à le faire pour laisser l’ONU et la communauté internationale se charger du règlement d’un conflit monté de toutes pièces par les dirigeants algériens.