ONU : le vibrant plaidoyer du souverain en faveur des pays du Sud

C’est un vibrant plaidoyer en faveur des pays en développement, particulièrement les pays africains, que le roi Mohammed VI a adressé à l’Assemblée générale des Nations unies, réunie actuellement à New York.

sm-benkiraneLe texte du souverain, lu en son nom par le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, envoie un message fort à la communauté internationale. « Le monde aujourd’hui est à la croisée des chemins ». Si la communauté internationale n’apporte pas son appui aux pays en développement pour qu’ils puissent avancer et assurer leur sécurité et leur stabilité, elle aura à supporter les conséquences de son inaction. Les répercussions se manifestent déjà par « la montée des démons de l’extrémisme, de la violence et du terrorisme qu’alimente le sentiment d’injustice et d’exclusion », prévient le roi Mohammed VI.

Le souverain a insisté sur la centralité du développement humain durable, un thème retenu comme focal pour cette 69ème session de l’Assemblée générale. Les pays du Sud continuent de traîner les effets de la colonisation qui a « instillé les ferments de la division entre les composantes d’un même peuple, et planté les germes du conflit et de la discorde entre les Etats du voisinage ». Mais aujourd’hui, l’Occident exige des pays du Sud qu’ils réalisent la stabilité et le développement dans des délais et selon des modalités qui ignorent les « parcours respectifs et les particularités nationales de ces Etats ».

Plus grave encore, le classement de ces pays selon les paramètres en vigueur a montré ses limites et son décalage par rapport à la réalité des Etats du Sud. Ces critères ont ainsi échoué à présenter une image objective sur le niveau de développement humain dans ces pays, relève le souverain. Le comble, c’est que les aides occidentales, malgré leur faiblesse, sont accordées souvent sur la base de ces classements et à des conditions intenables.

C’est à partir de ce diagnostic sans complaisance que le souverain a préconisé que « le capital immatériel figure désormais parmi les principaux critères de mesure et de classement de la richesse des Etats ». La Banque mondiale l’a établi, le capital immatériel repose sur des données liées au vécu des populations, notamment la sécurité et la stabilité, les ressources humaines ainsi que le niveau des institutions et la qualité de la vie et de l’environnement.

Ces données ont « un grand impact sur l’élaboration des politiques publiques », a conclu le souverain en plaidant pour que l’évolution des Etats ne soit assujettie à aucune notation ou classement. « En revanche, elle devrait être perçue et traitée comme un processus historique, se fondant sur les accumulations positives de chaque pays, dans le respect de ses spécificités ».