La déclaration de Laurent Fabius est révélatrice du changement d’humeur à Paris. En affirmant jeudi devant les sénateurs français, que Paris est déterminée à rétablir avec le Maroc des « relations telles qu’elles n’auraient jamais dû cesser d’être », le chef de la diplomatie française traduit le nouveau sentiment qui prévaut au niveau du gouvernement français.
Laurent Fabius a confirmé qu’il se rendrait prochainement en visite au Maroc. « Je compte me rendre prochainement personnellement dans ce pays qui, je le répète, est l’ami de la France », a-t-il déclaré, visiblement prêts à réparer un impair commis à l’égard du Maroc. Car, depuis presque un an, les relations entre le Maroc et la France qui étaient d’habitude qualifiées, de part et d’autre, d’excellentes, voire d’exceptionnelles, sont dans la tourmente.
La procédure judiciaire lancée il y a près d’une année à Paris contre Abdellatif Hammouchi, le patron de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), au mépris des usages et des voies diplomatiques, a laissé des traces. La coopération judiciaire, qui a été suspendue depuis, s’en est fortement ressentie. Autant, sinon davantage que la coopération dans le domaine très sensible de la sécurité et de la lutte antiterroriste.
Les amis de Fabius auraient-ils perdu le sens des réalités en étant demeurés longtemps loin du pouvoir? Une réalité où le Maroc confirme chaque jour davantage son rôle incontournable de vecteur de stabilité et d’équilibre dans une région agitée par l’extrémisme et le terrorisme. De la même façon que ses services de sécurité et de renseignement ont une connaissance profonde des multiples groupes terroristes et des réseaux transnationaux de trafic et de recrutement de jihadistes.
De ce fait même, le Maroc constitue une pièce maîtresse dans le dispositif de lutte contre le terrorisme dans toute la région. L’Espagne voisine, elle, estime à leur juste valeur ces capacités et cet engagement du Maroc. Tant mieux si Paris en prend conscience aussi en ces temps difficiles.