L’Iran supprime la police des mœurs

Le procureur général iranien, Mohammad Jafar Montazeri a annoncé samedi dernier, que «la police des mœurs a été abolie», par les autorités compétentes qui l’ont créé, puisqu’elle n’a rien à voir avec le pouvoir judiciaire, ajoutant que les autorités avaient demandé à la justice et au Parlement de revoir la loi de 1983 sur le port du voile obligatoire. 

L’abolition de la «patrouille de la guidance islamique» n’a pas encore été confirmée par d’autres responsables iraniens, et les modalités de sa suppression n’ont pas été explicitées. 

Mais certaines analystes estiment déjà que cette annonce est plus un geste de communication vis-à-vis de l’Occident, qu’une main tendue aux manifestants, surtout qu’elle ne modifiera pas le quotidien des femmes en Iran, et ne permettra pas de mettre fin au mouvement de protestation.

La police des mœurs, connue sous le nom de Gasht-e Ershad, avait été créée sous le président ultraconservateur, Mahmoud Ahmadinejad, pour « répandre la culture de la décence et du hidjab». Elle était formée d’hommes en uniforme vert et de femmes portant le tchador noir, qui couvre la tête et le haut du corps, et avait commencé ses patrouilles en 2006.

L’Iran est confronté à des manifestations quotidiennes depuis la mort, le 16 septembre dernier, de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans arrêtée par la police des mœurs pour avoir enfreint le code vestimentaire de la République islamique imposant notamment aux femmes de porter le voile en public. 

Selon des militants et sa famille, Mahsa Amini a succombé après avoir été battue, mais les autorités ont lié son décès à des problèmes de santé, ce qu’ont aussitôt démenti ses parents. 

Depuis son décès, selon les Gardiens de la Révolution, plus de 300 personnes ont été tuées dans le mouvement de contestation. Mais malgré ce bilan, le mouvement de contestation ne lâche pas prise.