Perquisition du fisc hindou dans les bureaux de la BBC à New-Delhi

Quelques semaines après la diffusion d’un documentaire critique à l’endroit du Premier ministre indien, Narendra Modi, le fisc a procédé ce mardi, à une perquisition dans les bureaux de la chaîne Tv britannique «BBC» à New Delhi, la capitale indienne.

Un journaliste de la chaîne britannique a confié à une agence de presse occidentale, que les agents indiens ont confisqué tous les téléphones et un autre employé de la BBC a confirmé sous couvert de l’anonymat, qu’une procédure gouvernementale se déroule dans les bureaux de la chaine britannique. 

Cette opération intervient en représailles contre la diffusion par la BBC en janvier dernier, d’un documentaire en deux parties accusant Narendra Modi, à l’époque où il était Premier ministre de l’Etat du Gujarat, d’avoir ordonné à la police de fermer les yeux sur les émeutes interprofessionnelles de 2002, une vague de violence qui avait fait au moins 1.000 morts, pour la plupart parmi la minorité des hindous de confession musulmane en Inde. 

Ces émeutes ont éclaté après la mort de 59 pèlerins hindous dans l’incendie d’un train, la suite duquel, 31 hindous musulmans avaient été condamnés pour conspiration criminelle et assassinat. 

Le documentaire de la BBC cite un rapport du ministère britannique des Affaires étrangères, auparavant classifié, qui, s’appuyant sur des sources anonymes, affirmait que Narendra Modi avait rencontré des officiers de police de haut rang et leur avait «ordonné de ne pas intervenir» dans les violences anti-musulmanes perpétrées par des groupes nationalistes hindous. 

Ce rapport, qui en rendait Narendra Modi directement responsable de ce carnage, affirmait que la vague de violence était «politiquement motivée» avec pour objectif «de purger les musulmans des zones hindoues», et qu’elle «avait toutes les caractéristiques d’un nettoyage ethnique».

Le gouvernement indien a bloqué les vidéos et les tweets liés directement au documentaire, le qualifiant peu après sa diffusion, de « propagande hostile et d’ordure anti-indienne ». Au terme d’une précédente enquête, la Cour suprême avait déjà blanchi en 2012, l’actuel Premier ministre Modi. 

Depuis l’arrivée au pouvoir en 2014 du gouvernement nationaliste hindou de Narendra Modi, l’Inde a reculé de dix places au classement mondial de 2022 sur la liberté de la presse de Reporters sans frontières (RSF), passant au 150ème rang sur 180.