Alors que la haute saison tire presque à sa fin avec la proche du mois de Ramadan, la plupart des hôteliers marocains, à de rares exceptions près, considèrent que la saison de cet été 2011 est perdue pour de bon. L’année touristique ne s’annonce pas sous de bons auspices. Déjà au mois de mai dernier, on annonçait des chiffres peu réjouissants, pourtant l’année avait bien démarré (+15% des arrivées et +19% des nuitées en janvier par rapport au même mois de 2010), si ce n’était le printemps arabe et d’autres événements qui ont obligé les professionnels de réviser à fond leurs prévisions. Au Maroc, nos hôteliers sont habitués à miser plus sur les touristes étrangers surtout en provenance d’Europe, que sur les clients nationaux. Pour l’été 2011, il semblerait que les défections les plus importantes viendraient des professionnels européens plus que des clients eux-mêmes. Il est vrai que le gros du remplissage se fait par le « all inclusive », clé en main qui décide souvent à la place du client sur place, mais cette fois-ci ce n’est plus la règle, c’est le client qui choisit et programme sa destination.
Dans une tentative de dernière minute pour sauver la saison touristique ou du moins colmater les brèches, l’Office national marocain du tourisme (ONMT), a incité les hôteliers de se retourner sur la clientèle locale, comme lors des crises qui ont frappé le secteur en 1991, 1994 et en 2001 et 2003. Après de larges concertations avec les gens du métier, l’ONMT avait lancé le 4 juillet dernier, sa nouvelle campagne promotionnelle « Kounouz Biladi » ciblant les familles marocaines. Cependant, même cette solution n’a eu que peu d’impact sur l’évolution de la situation. Les examens du BAC, du brevet et même ceux du primaire ayant été retardés à cause des grèves, ont astreint la plupart des familles à ne partir en vacances que vers le 10 juillet et seront obligées de les écourter pour entamer le mois de Ramadan au début août.
Au mois de mai dernier, les nuitées dans les établissements classés ont reculé à l’échelle nationale, de près de 17%, passant 1,5 million en mai 2010 à 1,2 million cette année. A l’exception d’Agadir qui était sur une évolution positive des nuitées de 11%, toutes les autres destinations ont dévissé, comme Marrakech qui a accusé une baisse de 23%. Cette tendance baissière n’a fait que s’accentuer durant les mois de juin et de juillet et le pire est à attendre au mois d’août. Il faut dire que dans le domaine du tourisme, rien n’est jamais joué à l’avance, tant le secteur est sensible à tous les aléas : économiques, politiques, sociaux, naturels et climatiques… Il n’est donc pas étonnant que la vague de contestations, plus ou moins violentes selon les pays, que vit l’Afrique du Nord (Tunisie, Egypte, Libye) et le monde arabe depuis début janvier, ait fini par dissuader les habitués de la destination Maroc. Les hôteliers sont convaincus qu’ils ne connaitront pas les pics de fréquentation atteints par le passé et reprochent à l’ONMT d’avoir réagi un peu tardivement avec des moyens très limités.