Rébellion avortée du groupe Wagner sur le sol russe

Les troupes de mercenaires de Wagner menées par Evguéni Prigojine ont marché samedi sur Moscou avant de faire volte-face, une spectaculaire rébellion armée sur le sol russe qui avait pour but de renverser le commandement militaire avec qui le chef de Wagner est en conflit ouvert depuis plusieurs mois. 

Avec ses combattants, l’homme d’affaires russe a pris le contrôle de la ville de Rostov, dans le sud du pays, et son convoi a traversé plusieurs régions, au point de se rapprocher à quelques centaines de kilomètres de Moscou, provoquant la stupéfaction en Russie et à l’étranger. 

A Rostov, où le groupe de sécurité paramilitaire russe «Wagner» a occupé samedi un quartier général militaire dans le centre-ville, le maire Aleksei Logvinenko a rapporté que « plus de 10.000 mètres carrés de chaussée » ont été abîmées, notamment par des chars.

Sur Telegram, le chef du district de Pavlovsky a affirmé hier dimanche que dans la région de Vorone, frontalière de l’Ukraine et première étape de cette marche avortée vers la capitale russe, «19 maisons ont été endommagées dans le village », précisant que ces dégâts ont eu lieu « à la suite d’un accrochage qui a eu lieu près d’Elizavetovka, dans le district de Pavlovsky, le 24 juin, lorsqu’une colonne du groupe Wagner a traversé » la région, et s’est heurté dans la zone à l’armée régulière de la Russie. 

Ni Wagner, ni l’armée russe n’ont à ce stade communiqué officiellement sur d’éventuelles victimes liées à ces affrontements. Après un accord passé samedi soir entre Prigojine et le Kremlin, suite à la médiation du président bélarusse, Alexandre Loukachenko, les combattants de Wagner se sont retirés de Rostov et poursuivaient hier dimanche leur repli des régions qu’ils avaient investies. En échange d’échapper à toute poursuite, Evguéni Prigojine doit partir en Biélorussie.

Evguéni Prigojine est en conflit ouvert avec plusieurs hauts dirigeants et officiers de l’armée russe, notamment le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou et le chef d’état-major, Valéri Guerassimov. 

Depuis des mois, Evguéni Prigojine s’en prend par vidéos interposées au haut-commandement de l’armée russe, souvent pour réclamer davantage de minutions, parfois en accusant l’état-major d’incompétence dans la conduite de la guerre contre l’Ukraine. 

La brouille est montée d’un cran récemment, en raison de la demande faite par l’armée aux bataillons du groupe Wagner de signer un « contrat » avec le ministère de la Défense d’ici le 1er juillet.