La Société anonyme marocaine de l’industrie du raffinage (Samir), l’unique raffineur pétrolier au Maroc, est bel et bien dans de mauvais draps.
La direction de la Samir, ancienne entreprise publique, privatisée il y a 20 ans, a annoncé il y a deux jours, l’arrêt de certaines unités de production, précisant que «l’approvisionnement de la raffinerie en pétrole brut enregistrera un retard en raison de la situation sur le marché international et des difficultés financières de la société ».
Dans un communiqué publié le 05 août, l’opérateur marocain explique que «ce retard entraînera l’arrêt de certaines unités de production », avant de rassurer que «les livraisons de la société en produits raffinés continueront en fonction des stocks disponibles et ce jusqu’à la reprise totale des unités de production prévue vers mi-août».
Au lendemain de cette annonce, le Gendarme du marché boursier annonce de son côté, que la suspension de la cotation en bourse des titres de capital de la SAMIR à partir du jeudi 6 août, «en attente de publication d’informations importantes», et ce à la suite de la chute de 10% des actions de la Samir. La société a déjà perdu 41,87% de sa valeur depuis le début 2015, après avoir cédé 47,33% de sa valeur en 2014.
Le groupe marocain est confronté à de sérieuses difficultés financières et souffre d’un niveau record d’endettement qui frôlerait les 30 milliards de DH, en plus de quelque 10 milliards de DH dus à la Douane, dont 2,5 milliards de DH pour le seul mois de juillet.
Ces difficultés ne datent pas d’hier, puisque la Samir avait enregistré en 2014, un résultat net négatif de 3,42 milliards de dirhams, contre un bénéfice net de 320 millions de dirhams en 2013. Une perte sèche due en partie à la «dévalorisation significative de ses actifs détenus en stock» en raison de la chute des prix du pétrole engendrant pour la société, une perte de 3,029 milliards de DH.
Pour sortir de son gouffre, la Samir prévoit la mise en place d’un plan de financement au second semestre 2015 ainsi qu’un plan d’économies de 2,5 milliards de dirhams sur les cinq prochaines années. Le 29 avril dernier, elle avait déjà conclu un accord de restructuration de sa dette avec la Banque centrale populaire (BCP), portant sur un prêt de 1,2 milliard de DH destiné au refinancement de son crédit à long terme.
Dernières nouvelles sur ce dossier qui prend l’allure d’une affaire d’Etat, le site de production de la Samir à Mohammedia aurait été réquisitionné par les autorités publiques qui y interdisent toute activité «jusqu’à nouvel ordre». On apprend aussi que plusieurs réunions de crise ont été tenues, ces dernières 48 heures, entre le ministère de l’Energie et les responsables de la Samir pour trouver les moyens d’éviter au pays, une pénurie des hydrocarbures au risque de paralyser les secteurs d’activités ce qui entrainera à cout sûr, d’incalculables dégâts économiques et financiers aussi bien au secteurs public que privé.